Le gouvernement du Québec a arrêté son choix pour mener à terme le plus grand chantier de construction des prochaines années dans la province. Le consortium choisi est KPH Turcot, un groupe composé principalement des firmes «Construction Kiewit Cie et Parsons du Canada Ltée». L'entreprise Kiewit est celle-là même à l'origine de la construction du pont de l'autoroute 25.

Lors de l'annonce, ce matin, l'Unité permanente anticorruption (UPAC) a prévenu les travailleurs qu'ils doivent s'attendre à voir sur le chantier «beaucoup de jackets avec le logo de l'UPAC le dos», a dit Robert Lafrenière, commissaire à la lutte anticorruption. L'unité a assuré qu'elle a suivi le processus d'octroi du contrat pour concevoir et construire l'échangeur Turcot depuis le début.

«On veut éviter que des gens malintentionnés profitent de ce chantier en surveillant la qualité des travaux, les coûts, et les avenants qui pourraient être chargés par les entreprises, a expliqué M. Lafrenière. On veut que le chantier soit libre de travail au noir, de corruption, de collusion. Dans l'éventualité de stratagèmes, on va intervenir.»

Les mots transparence, intégrité, qualité et respect des échéanciers et des coûts sont revenus à plusieurs reprises dans l'annonce du ministre des Transports, Robert Poëti, qui était de passage à Montréal pour l'occasion. Le contrat avec KPH Turcot, qui sera signé officiellement en février prochain, sera rendu public, a-t-il assuré. «Mon passé m'a appris que les mauvaises herbes, ça repousse toujours, a illustré le ministre. On travaille en amont, en prévention. On s'assure qu'il n'y ait pas de contamination entre les compagnies choisies.»

Selon les échéanciers, les travaux commenceront dès la signature du contrat, au début du printemps, pour s'achever en 2020. La reconstruction de quatre échangeurs est prévue: Turcot, Montréal-Ouest, Angrignon, De La Vérendrye, ainsi que des tronçons des autoroutes 15, 20, et 720, au centre-ville de Montréal. 

Du même souffle, le ministre a présenté les changements apportés au projet de 3,7 milliards en matière d'intégration urbaine. Le futur échangeur bénéficiera de 4 kilomètres de murs antibruit, de trottoirs de 5 mètres au lieu de 3,5, d'un lien cyclable de 6,7 kilomètres, et de 31,5 hectares en espaces verts, soit l'équivalent de 39 terrains de soccer, a-t-il assuré. On parle aussi de 20 kilomètres de voies réservées, et de 145 kilomètres de voies routières à construire, soit environ la distance Montréal-Trois-Rivières.

L'un des hauts dirigeants de Kiewit, Sébastien Marcoux, était présent au point de presse. Interrogé à savoir comment les travailleurs réagiraient à la présence de l'UAPC sur le chantier, il a éclaté de rire, puis a dit: «je n'émettrai pas de commentaires.» Son entreprise a travaillé durant trois ans pour remporter le contrat. Il s'est dit «confiant» de livrer à temps, et dans les coûts, un projet exemplaire.

Le contrat en tant que tel comprendra une clause à prix et à date fixe. Le fournisseur devra assumer les risques de dépassement de coût lié à son estimation des matériaux et de main-d'oeuvre requis pour exécuter les travaux. KPH Turcot devra aussi fournir une garantie post-construction de cinq ans à partir de la mise en service pour d'éventuelles défectuosités. Et le gouvernement affirme que le futur échangeur permettra une économie de 18 millions en entretien par année.

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