Les retards dans l'attribution des contrats risquent de faire perdre à Montréal plus de 20 millions en subventions. La Ville ne sera pas en mesure de réaliser à temps tous les chantiers prévus dans une entente avec Ottawa et Québec.

Les gouvernements fédéral et provincial ont signé en 2009 un accord pour transférer une partie de la taxe sur l'essence à la métropole afin de l'aider à retaper ses aqueducs et égouts. Le programme prévoyait ainsi pour 395 millions en subventions pour les travaux réalisés entre 2010 et 2013.

Une compilation des projets financés par la taxe sur l'essence consultée par La Presse permet toutefois de constater que Montréal risque de perdre une partie des fonds prévus. Au rythme où les travaux avancent, Montréal prévoit être en mesure de toucher 374,3 des 395 millions auxquels elle avait droit d'ici la fin du programme, au 31 décembre.

«Notre volonté, c'est de réaliser le maximum pour tirer le meilleur du programme. Le pire qui pourrait arriver, c'est que 20,7 millions pourraient nous échapper parce qu'on n'a pas réalisé tous les projets qu'on voulait réaliser», dit Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville de Montréal. Celui-ci affirme que cette somme représente un maximum et non le minimum de ce qui pourrait être perdu en subventions.

La Ville explique que les longs délais dans l'octroi des contrats retardent présentement la réalisation des travaux. «Cette incapacité à programmer et à réaliser une quantité suffisante de projets reflète les difficultés qu'a connues le Service de l'eau quant à l'octroi des contrats de travaux. Ainsi, depuis l'imposition du gel de l'octroi des contrats en septembre dernier, les exigences administratives autour de l'octroi des contrats font que nous n'aurons pas le temps de réaliser les décaissements requis pour pouvoir utiliser toutes nos subventions», précise un document remis aux élus.

Montréal dit encore être à s'ajuster aux mesures mises en place pour combattre la collusion et la corruption depuis 2010. «La Ville, c'est un gros bateau à revirer de bord. Alors avec toutes les mesures prises pour lutter contre la collusion et la corruption, ça prend du temps avant qu'on reprenne notre vitesse de croisière», explique Philippe Sabourin.

Discussions en cours

Pour éviter de perdre ces quelque 20 millions en subventions, Montréal dit avoir entrepris des discussions avec le ministère des Affaires municipales pour repousser en 2014 la portion manquante des travaux. Québec devra lui-même entreprendre des négociations avec le fédéral.

Philippe Sabourin souligne également que l'âge avancé du réseau contribue également à retarder la réalisation des travaux. La planification des chantiers est fréquemment chamboulée par les urgences qui surviennent lors de bris. Il cite en exemple l'affaissement d'une partie de la chaussée sous la rue Sainte-Catherine l'an dernier ou plus récemment les faiblesses découvertes sous Ontario. «On a beau faire le meilleur programme, quand une rue s'affaisse, on doit déplacer nos priorités, dit Philippe Sabourin. L'état du réseau fait qu'on doit composer avec un paquet d'aléas».