L'avocat de Mike Duffy a mis la touche finale au procès de son client en écorchant le premier ministre Stephen Harper et ses plus proches collaborateurs, hier.

Me Donald Bayne a affirmé que Nigel Wright, ancien chef de cabinet de M. Harper, n'avait aucune crédibilité comme témoin. C'était particulièrement vrai, a insisté l'avocat, lorsque M. Wright a affirmé qu'il n'avait rien dit au premier ministre de l'époque au sujet des plans visant à fournir à Mike Duffy l'argent pour rembourser le Sénat.

« C'est l'homme qui se rapporte quotidiennement au premier ministre sur tout ce qui est susceptible de ruiner sa journée, a-t-il noté. Il n'a pas dit au premier ministre, et le premier ministre ne savait pas, que le fonds du Parti conservateur était impliqué dans ce processus de gestion de crise ? Personne au Canada ne devrait croire cela. »

L'avocat a eu des mots très durs à l'égard de M. Wright, qu'il a décrit comme un homme imbu de lui-même qui affiche une image de sainteté, et de Chris Woodcock, qui était un jeune directeur des enjeux au cabinet de M. Harper.

« Ça fait 44 ans que je pratique ce métier. Je n'ai jamais vu des gens comme ces deux-là pendant ma carrière. »

« Ils ne se sont pas rendu service [...] et ils n'ont pas servi l'administration de la justice. L'un d'eux est peut-être un homme d'affaires qui a beaucoup de succès, mais il était un mauvais témoin, il n'était pas fiable et il ne disait pas la vérité. »

C'est ainsi que s'est terminé ce vaste procès criminel qui s'est échelonné sur plus de 10 mois. Une soixantaine de témoins ont été entendus et plus de 15 semaines d'audience ont été nécessaires pour entendre la preuve et les témoignages.

Le juge Charles Vaillancourt a fixé hier les dates du 21 et 22 avril, soit dans deux mois, pour rendre son verdict au palais de justice d'Ottawa. D'ici là, il aura la délicate tâche de déterminer le sort de M. Duffy quant aux 31 chefs d'accusation de fraude, abus de confiance et corruption qui pèsent contre lui.

Dépenses et remboursements

Donald Bayne a affirmé que son client devrait être acquitté pour tous les chefs et qu'au minimum la preuve avait soulevé un doute raisonnable sur chacun d'entre eux.

Il a passé plusieurs minutes à discuter des paiements faits à l'entraîneur personnel de M. Duffy. Il s'agit de l'un des chefs qui, selon des observateurs, pourraient faire mouche. Ces entraînements à la résidence de M. Duffy se voulaient bel et bien de la consultation sur une question importante de politique publique, a plaidé l'avocat : le vieillissement de la population et l'exercice des personnes âgées.

Me Bayne a de plus insisté sur le fait que les règles étaient vagues et laissaient une large discrétion aux sénateurs pour choisir la façon de dépenser leur argent. Il a ajouté que les voyages partisans étaient expressément admissibles à un remboursement dans les règles du Sénat, et que ces voyages pouvaient être jumelés à des activités partisanes.

Enfin, quant au plan de rembourser le Sénat avec des fonds fournis par Nigel Wright, l'avocat a affirmé qu'il s'agissait d'une solution que le sénateur a été contraint d'accepter sur le coup de menaces et d'intimidation provenant de l'entourage du premier ministre.