Comme le rapportait La Presse avant Noël, l'accusation de possession d'arme portée il y a quatre ans contre le mafioso Tony Mucci a été abandonnée ce matin, alors que le procès du chef de clan et de ses deux présumés gardes du corps devait débuter au Palais de justice de Montréal.

«Tel qu'écrit dans une lettre envoyée avant Noël, nous n'avons pas l'intention de déposer d'acte d'accusation», a simplement déclaré la procureure, Me Véronique Beauchamp, ne laissant d'autre choix au juge Yvan Poulin de la Cour du Québec que de libérer les accusés.

Quelques objets saisis lors de l'arrestation de Mucci et de ses hommes, le 26 août 2010, ont toutefois été confisqués pour être détruits.

Dans le VUS blindé et la résidence du mafioso de 60 ans, les policiers ont trouvé un fusil au canon tronçonné, un pistolet à impulsions électriques et du répulsif à ours.

Dans la voiture de ses deux ex-coaccusés, Carmine Serino et Jesse Petrocco, les policiers ont découvert un pistolet 9mm chargé de même qu'une autre arme dans la résidence de Serino.

Acteur important

Originaire de la région de Campobasso en Italie, Tony Mucci a toujours été associé à la branche calabraise de la mafia montréalaise et est considéré comme dirigeant sa propre cellule par la police. Il a été victime d'une tentative de meurtre en décembre 2007 et son arrestation à l'été 2010 est survenue dans une période de grande instabilité, alors que le clan Rizzuto était décimé par les attentats.

On ignore la raison exacte pour laquelle la Poursuite a décidé de ne plus porter d'accusation contre Tony Mucci.

On sait toutefois que c'est l'ex-enquêteur du SPVM Philippe Paul, qui a ordonné l'arrestation de Mucci et ses hommes, après avoir reçu des informations de sources. Philippe Paul a pris une retraite prématurée en avril dernier après avoir été suspendu sans traitement à la suite du déclenchement d'une enquête interne sur des allégations de nature criminelle au sujet de fréquentations jugées dérangeantes. Il n'a toutefois jamais été accusé.

L'avocat de Tony Mucci, Me Claude Olivier, avait déposé une requête, qui devait être débattue avant le procès, dans laquelle il demandait les rapports disciplinaires et déontologiques de l'ancien enquêteur, et des présumées enquêtes criminelles le concernant. L'avocat avait également annoncé le témoignage «particulier» d'un homme dont il n'a pas voulu divulguer le nom, au sujet de Philippe Paul.

Rappelons que Tony Mucci et l'ex-enquêteur s'étaient aussi retrouvés au centre de l'affaire de la taupe du SPVM Ian Davidson, qui demeure encore très sensible aujourd'hui. Le mafioso jubilait à sa sortie de la salle d'audience.