Il avait été arrêté souvent, mais toujours mis en liberté ensuite. Sa consommation effrénée de crack lui faisait faire des crises terribles qui effrayaient son entourage, mais personne ne semblait réussir à le guérir de sa dépendance. Et hier, l'irréparable s'est produit. Sofiane Ghazi a été arrêté pour avoir poignardé à répétition sa conjointe enceinte de huit mois, provoquant la mort de l'enfant qu'elle portait.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne voulait pas confirmer l'identité du suspect avant la fin de son interrogatoire hier. Mais sur le boulevard Langelier, à Montréal-Nord, plusieurs ont immédiatement fait le lien avec un locataire connu pour son problème de toxicomanie.

Sofiane Ghazi, 37 ans, était en couple avec une femme de 33 ans qui avait déjà deux jeunes enfants et qui attendait son troisième. La dame avait parfois peur de son conjoint, ont raconté plusieurs sources fiables à La Presse.

Il avait tout dit à la cour

Le crack le rendait agressif, paranoïaque. Son état mental inquiétait son entourage. Certains auraient voulu qu'il soit soigné, mais l'hôpital ne semblait pas pouvoir grand-chose pour lui. Il avait été arrêté souvent, les deux dernières fois pour vol et voies de fait en avril, puis à nouveau pour les mêmes crimes le 26 juin, selon les archives judiciaires consultées par La Presse.

L'homme avait expliqué en cour son grave problème de consommation de drogue. La perte de son emploi. La dépression. Sa relation difficile avec sa femme. Il avait été question d'un épisode où il l'aurait poussée.

Le juge lui avait interdit de posséder une arme, lui avait fait prendre un engagement de 500 $ et imposé une série de conditions à respecter, notamment le fait de garder la paix, selon son dossier à la cour. Il avait été mis en liberté dans l'attente de son procès le 28 juin.

Recueillie par une voisine

Le SPVM a expliqué hier que des policiers s'étaient rendus à nouveau à l'appartement du couple dimanche soir, en raison d'une dispute conjugale. Ghazi n'était pas là. Par mesure de précaution, les agents ont proposé à la mère de l'aider à quitter temporairement les lieux avec ses enfants. Elle aurait refusé car elle tenait à rester chez elle, mais aurait tout de même envoyé les enfants chez un membre de sa famille.

Vers 2 h 30 du matin, un nouvel appel a été fait au 9-1-1.

« Pour une raison encore inconnue pour le moment, le conjoint de la dame l'aurait poignardée à plusieurs reprises au haut et au bas du corps », a expliqué Manuel Couture, porte-parole du SPVM.

« Elle était blessée, toute pleine de sang partout. Elle était pleine de trous », a raconté à La Presse canadienne Noëlla Bernier, la voisine qui a appelé la police après avoir reçu la victime au ventre ensanglanté à sa porte.

Parti voler un dépanneur

La mère de famille a été sauvée par les secouristes. Elle se trouve à l'hôpital dans un état stable. Mais son bébé, qui a dû être sorti d'urgence par les médecins, n'a malheureusement pas survécu, malgré tous les efforts du personnel hospitalier.

Sofiane Ghazi avait pris la fuite avant l'arrivée des policiers. Des images de caméras de surveillance visionnées par les enquêteurs montrent qu'il aurait commis un vol qualifié dans un dépanneur, angle Beaubien et 20e Avenue, plus tard dans la nuit. Il serait ensuite revenu vers son appartement, où il a été arrêté.

Les enquêteurs de la division des crimes majeurs du SPVM ont interrogé le suspect pendant des heures hier. Au moment de publier ces lignes, des discussions étaient en cours avec un représentant du Directeur des poursuites criminelles et pénales afin de déterminer les accusations à porter.