L'homme soupçonné d'avoir commis un meurtre la semaine dernière à la place Émilie-Gamelin, à Montréal, était un véritable baril de poudre qui faisait craindre le pire aux autorités, a appris La Presse.

Le suspect, Grégory Mauricin, 40 ans, a été arrêté vendredi par les enquêteurs des Crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Il a comparu le lendemain et a été accusé de meurtre au palais de justice de Montréal. Il doit revenir en cour le 6 septembre.

Autrefois lié aux gangs de rue, Mauricin est considéré comme «très violent» par la police. Les commissaires aux libérations conditionnelles l'avaient d'ailleurs obligé à purger la totalité de sa dernière peine fédérale en raison des risques qu'il représentait pour la société.

«La Commission constate l'importance de votre problématique de violence. Vos délits violents, autant en communauté qu'en établissement, ont été nombreux. Votre criminalité est persistante et dénuée de toute période d'accalmie réelle. Ces comportements violents, amorcés à l'adolescence, ont causé des dommages importants à de nombreuses victimes. [...] Vous avez fait preuve de violence gratuite et d'une brutalité excessive», ont écrit les commissaires dans une décision rendue en janvier 2014.

À coups de pelle



Mauricin traîne un lourd passé judiciaire presque ininterrompu depuis 20 ans. En 1997, il a notamment reçu une peine de plus de quatre ans pour avoir déchargé une arme à feu dans un dessein dangereux.

En 2009, il a été condamné à six ans de pénitencier relativement à une affaire d'agression armée avec lésions et de voies de fait graves.

Selon une description du crime faite par les commissaires, Mauricin a exigé de l'argent à un homme qui l'hébergeait pour acheter un ordinateur. Puisque l'homme refusait, il l'a frappé à la tête avec une bouteille de bière, puis l'a roué de coups de poing, de pied et de genou à la tête et ailleurs sur le corps. Il a ensuite tailladé le bras de sa victime avec un couteau et a contraint celle-ci à le suivre dans un guichet automatique. Mais l'homme a tenté de fuir et Mauricin l'a frappé de nouveau avec une bouteille de bière et à coups de pelle. Il l'a également menacé de lui couper les oreilles avec un ciseau.

En 2013, Mauricin a amélioré son comportement au pénitencier, mais il a essuyé un premier refus des commissaires aux libérations conditionnelles en janvier. Cet échec a fait en sorte qu'il a retrouvé ses comportements violents, et les commissaires l'ont obligé à purger sa peine jusqu'à sa fin, en avril 2016.

Avec Ducarme Joseph



Les décisions de la Commission indiquent que Mauricin est un ancien membre des CDP (Crack Down Posse), ancien gang de rue haïtien d'allégeance bleue auquel appartenait également le défunt caïd Ducarme Joseph. Selon nos informations, Mauricin aurait ensuite suivi Joseph lorsque ce dernier a créé un autre gang, les 67.

Vers 2h40 dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, Mauricin se serait disputé avec un certain Christidist William, 30 ans, sur la place Émilie-Gamelin, et l'aurait poignardé.

Des témoins ont communiqué avec le 911 et les techniciens paramédicaux d'Urgences-santé ont eu tôt fait de retrouver la victime baignant dans son sang, effondrée sur le trottoir de la rue Saint-Hubert. William est mort dans les heures qui ont suivi, et le suspect avait pris la fuite. Mais des informations glanées ici et là par les policiers ont permis aux enquêteurs des Crimes majeurs du SPVM d'identifier rapidement Mauricin et de l'arrêter.

La place Émilie-Gamelin, qui est attenante à la station de métro Berri-UQAM, est connue comme étant un endroit fréquenté par les trafiquants de drogue, et il n'est pas exclu que cette affaire soit liée aux stupéfiants.

Il s'agissait du 16e homicide commis cette année dans l'île de Montréal.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Photo fournie par le SPVM

Grégory Mauricin