Tragique histoire de violence par arme à feu dans un quartier paisible de la couronne nord de Montréal : un garçon de 3 ans en visite chez des membres de sa famille a été abattu par balle à Bois-des-Filion. Un jeune de 19 ans a été accusé d’avoir causé la mort par négligence criminelle de l’enfant en bas âge retrouvé gravement blessé lundi soir.

Tout était silencieux et désert tout le long de la 34Avenue mardi matin. Rien n’indiquait qu’un drame aussi épouvantable que choquant s’était déroulé la veille, hormis deux peluches, quelques autopatrouilles et des regards curieux à travers les fenêtres des voisins. Dans un sac Ziploc, un message écrit à la main destiné au garçon : « 3 ans et demi, RIP mon petit chou ».

Un résidant du quartier a alerté la police lundi en fin de soirée après avoir entendu des bruits s’apparentant à des coups de feu.

Les agents ont trouvé sur place le bambin inanimé. Le petit est mort sur les lieux malgré les tentatives de réanimation des premiers répondants. Et aucune trace des suspects à l’intérieur du domicile.

C’est plus tard dans la soirée que trois personnes âgées de 17 et 19 ans – deux hommes et une femme – ont été rencontrées par le bureau des enquêtes criminelles du Service de police intermunicipal de Terrebonne, Sainte-Anne-des-Plaines et Bois-des-Filion. L’enquête a ensuite été transférée à la Sûreté du Québec (SQ).

L’un des trois jeunes appréhendés, Yacine Mehennaoui, a comparu par visioconférence mardi en fin d’après-midi à Laval en lien avec ce drame. L’homme de 19 ans est accusé de négligence criminelle ayant causé la mort, de possession d’arme à feu prohibée et d’avoir tenté de détruire des éléments de preuve. Selon l’acte d’accusation, il habitait dans la résidence de la 34Avenue où est survenu le drame.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Yacine Mehennaoui

La Couronne s’est opposée à sa remise en liberté. Il est possible que d’autres chefs d’accusation s’ajoutent, selon nos informations. La procureure dans ce dossier, MMarie-Philippe Guimond-Méthé, n’a toutefois pas voulu s’avancer à ce sujet.

Ce qui s’est passé entre ces trois jeunes, qui ont un lien de parenté, peu avant qu’un coup de feu soit tiré demeure nébuleux. Selon nos informations, le trio surveillait l’enfant, qui était en visite chez de la famille. A priori, la mort du garçon de 3 ans est toujours considérée par la police comme un accident. Les autorités poursuivent tout de même leur enquête puisque, selon nos informations, le jeune homme aurait tenté de se débarrasser de l’arme à feu.

Les deux autres suspects ont été libérés.

Pas de trace de l’arme

En fin de journée mardi, on pouvait toujours apercevoir le périmètre policier et l’identité judiciaire sur la 34Avenue.

Et pour cause : l’arme du crime demeure introuvable. Des plongeurs de la SQ étaient toujours à l’œuvre pour fouiller la rivière des Mille Îles, dans l’espoir de trouver des éléments de preuve pouvant être reliés à l’évènement, soit l’arme à feu. Le cours d’eau est situé au bout de la rue où se trouve la résidence dans laquelle l’enfant a été retrouvé lundi soir.

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L’évènement a causé une vive inquiétude dans ce quartier paisible.

L’évènement a causé une vive inquiétude dans ce quartier paisible. « C’est très surprenant de savoir qu’il y a des fusils dans ce quartier. J’étais triste d’apprendre que la victime était un enfant. Ça me laisse sans mots », a expliqué un voisin. Il a préféré taire son nom. Le fléau de la violence par arme à feu, ce n’est « pas juste à Montréal », a-t-il poursuivi.

Sa voisine d’en face était bien surprise de voir des ambulances et des gyrophares près de chez elle lundi soir. « C’est un accident, mais c’est choquant de savoir que ça aurait pu toucher n’importe qui. »

Les deux voisins n’ont entendu aucun coup de feu.

Des questions restaient toutefois en suspens pour le voisinage. Comment le jeune suspect s’est-il procuré une arme à feu ? Mais surtout, pourquoi manipuler son arme à feu en présence d’un enfant ?

« Je pensais surtout que ça arriverait à Montréal, mais moins ici », a résumé la dame.