Encore une fois, des timbres-poste contrefaits circulent plus sur le marché canadien. Depuis l'été, les philatélistes québécois ont répertorié une vingtaine de pièces, selon l'expert en philatélie Richard Gratton.

Les faussaires ont reproduit le carnet de timbres de la série sur la fierté canadienne émise en 2011. Les timbres proviendraient de l'extérieur du Québec, principalement de l'Ontario.

M. Gratton, qui a déjà siégé au comité consultatif de Postes Canada, a publié un article sur le sujet dans le dernier numéro de la revue Le Philatéliste canadien. Chimiste à la retraite, il a découvert le pot aux roses en septembre, après avoir analysé un timbre aux «étranges propriétés». Les collectionneurs recourent régulièrement à son expertise lorsqu'ils découvrent sur des timbres des irrégularités qui pourraient en faire des pièces de valeur s'ils sont authentiques.

Le timbre qu'il a analysé ne possédait pas de «marquage» et n'était donc pas lisible dans les machines de tri automatisé. La dentelure et le papier étaient légèrement différents de ceux des timbres authentiques.

Bien que peu de cas lui aient été signalés à ce jour, Richard Gratton présume qu'il s'agit d'une fraude majeure. «Pour imprimer ce timbre et le denteler, on n'en imprime pas juste 10, illustre M. Gratton. On en imprime des centaines de milliers, voire des millions. Sinon, ce n'est pas payant.»

Selon Richard Gratton, il est possible que les faussaires testent les timbres sur le marché avant d'en imprimer davantage. C'est ce que la mafia russe avait fait dans les années 2000 avant d'inonder le marché canadien de timbres contrefaits imprimés en Lituanie.

Postes Canada affirme que chaque cas de contrefaçon qui lui est signalé est «pris très au sérieux» et fait l'objet d'une enquête interne. La société d'État confie ensuite le dossier aux autorités policières.

«Pour l'instant, il y a très peu de cas, assure la porte-parole de Postes Canada, Geneviève Latour. On les compte sur les doigts d'une main. Ça n'a pas du tout l'ampleur de l'enquête de 2011.»

En mars 2011, la GRC a démantelé un vaste réseau de vente de timbres contrefaits. Au cours de leur enquête, qui a duré près d'un an, les policiers ont arrêté trois personnes à Toronto et Montréal et saisi plus de 40 000 timbres contrefaits.

Geneviève Latour souligne que les lettres qui portent des timbres contrefaits peuvent être renvoyées à l'expéditeur. Pour plus de sûreté, les consommateurs devraient se procurer leurs timbres au bureau de poste, à un comptoir postal ou chez un revendeur officiel.