Une nouvelle tuile vient de tomber sur le clan Lavertue: Revenu Québec lui réclame plusieurs centaines de milliers de dollars en impôts impayés sur les revenus de la vente de drogue.

Revenu Québec estime que les frères Jean et Stéphane Lavertue, des narcotrafiquants du sud-ouest de Montréal, ont empoché 1,7 million de dollars pendant les années 2006, 2007 et 2008. Jean Lavertue, ex-haltérophile qui a représenté le Canada aux Jeux olympiques d'Atlanta, est considéré comme le chef de la bande; son frère Stéphane en est le comptable.

Arrêtés dans le cadre du projet Axe, les frères Jean, Patrick et Stéphane Lavertue ont reconnu leur culpabilité au printemps dernier à des accusations de gangstérisme, de trafic de drogue et de recel d'argent. Jean Lavertue purge actuellement une peine de huit ans de prison. Quant à Stéphane et Patrick Lavertue, ils ont écopé de cinq ans d'emprisonnement.

Or, les narcotrafiquants nient avoir fait autant d'argent. Jean et Stéphane Lavertue prétendent avoir tiré 600 000$ de la vente de drogue durant cette période, selon les deux requêtes d'appel produites le 18 octobre en Cour du Québec. Leur frère, Patrick, n'a pas déposé de requête en ce sens.

Les redevances que le clan Lavertue devait verser au gang des Syndicate en échange du droit de faire des affaires illicites viennent brouiller les cartes, selon l'avocat des deux hommes, Me Peter Karavoulias, joint par La Presse.

«Revenu Québec n'a pas tenu compte de certaines dépenses et des pertes considérables subies par mes clients dans son calcul de revenus non déclarés. Ils devaient payer des redevances aux Syndicate. Ça a pourtant été clairement établi devant la cour criminelle», a expliqué Me Karavoulias.

Le clan Lavertue est une organisation très complexe et «atypique», qui n'a pas fait de gestes de violence pour protéger son territoire de vente de drogue. Il a plutôt accepté de verser plusieurs centaines de milliers de dollars à un autre groupe criminel pour obtenir le droit d'y faire des affaires, a d'ailleurs résumé le juge Jean-Pierre Bonin, de la Cour du Québec, au moment du jugement sur la peine, en avril dernier.

Au début de l'enquête, en janvier 2006, les frères Lavertue n'étaient pas la principale cible de la division du crime organisé de la police de Montréal. Les enquêteurs avaient dans leur ligne de mire Emmanuel Zéphir, ancien membre de gang de rue soupçonné d'entretenir des liens criminels avec les Syndicate, eux-mêmes affiliés aux Hells Angels Nomads de Maurice Boucher.

En cours d'enquête, les policiers ont découvert que le clan Lavertue fournissait des quantités de cocaïne pouvant aller jusqu'à 1 kg à une cinquantaine de clients. Du mois d'août 2007 à février 2009, son chiffre d'affaires a atteint 4 millions de dollars, selon la police. L'entreprise a généré des profits nets d'un peu plus de 1 million. Chaque mois, le clan versait de 6000 à 10 000$ à des membres emprisonnés d'une organisation criminelle en échange du droit de vendre sur son territoire, selon la preuve de la Couronne.

Les frères Lavertue reprochent à Revenu Québec de s'être fié uniquement aux rapports de police pour déterminer leur cotisation pour ces trois années.