La dépouille que les deux policiers de l'UPAC ont pu observer dans une morgue du Panamá correspond selon toute vraisemblance à celle d'Arthur Porter, a appris La Presse, hier, sur le terrain.

Après trois jours d'attente, tous deux ont enfin pu pénétrer dans la morgue judiciaire de la capitale panaméenne. Et leurs conclusions - préliminaires - sont positives.

Hier, les enquêteurs ont passé environ 90 minutes à l'intérieur avant de ressortir de l'édifice d'un pas pressé, le visage neutre, pour s'engouffrer dans une voiture blanche. Hier soir, l'UPAC est demeurée totalement silencieuse sur les conclusions de leurs observations. Mais il nous a été permis d'apprendre que la dépouille correspond visuellement à Arthur Porter.

Les appréhensions des policiers - qui craignaient que le cancer dont disait souffrir Porter ne l'ait rendu méconnaissable - ne se seraient donc pas concrétisées.

Ce n'est toutefois qu'aujourd'hui dans la matinée que des tests plus poussés - comme le prélèvement des empreintes digitales et d'un échantillon d'ADN - seront réalisés. Selon nos informations, ce sont des spécialistes panaméens qui procéderont à ces analyses, sous le regard attentif des policiers québécois.

Le tandem, formé du lieutenant Éric Garcia et du sergent-enquêteur Jean-Frédérick Gagnon, a été envoyé afin de s'assurer que l'ex-grand patron du CUSM est bel et bien mort mardi soir dernier à l'Instituto Oncológico Nacional de Ciudad de Panamá. La police veut s'assurer qu'Arthur Porter - réputé manipulateur rusé - n'a pas trompé l'UPAC.

Selon nos informations, le tandem a passé les derniers jours à faire progresser les formalités administratives préalables à l'accès au corps. Le feu vert de différentes administrations était requis pour que la demande d'assistance internationale puisse se concrétiser.

Docteure et avocat introuvables

Si les constatations visuelles des policiers à la morgue semblent confirmer qu'Arthur Porter est bel et bien mort, des zones d'ombre demeurent au dossier.

Depuis vendredi, il a été impossible de rencontrer la docteure Lois Victoria Gonzalez, qui aurait certifié le décès, selon une image publiée par Le Journal de Montréal.

Dimanche après-midi, des médecins de l'Instituto Oncológico Nacional ont indiqué à La Presse qu'elle serait en poste durant la nuit suivante. Au retour de La Presse, vers minuit, une infirmière a confirmé que la médecin était à l'hôpital et nous a demandé de patienter afin de la rencontrer. Mais après plus d'une heure d'attente, c'est un agent de sécurité qui s'est présenté au rendez-vous et a expulsé La Presse de l'hôpital.

Les courriels envoyés au service des relations publiques de l'hôpital afin d'être mis en contact avec Mme Gonzalez sont demeurés sans réponse.

Le principal avocat d'Arthur Porter, Ricardo Bilonick, demeure aussi introuvable.

L'adresse de son cabinet qui figure sur son site web correspond à une entreprise sans aucun lien avec lui. Malgré des tentatives répétées sur son cellulaire, il n'a pas été possible de lui parler.

M. Bilonick, intimement lié au régime du narcodictateur panaméen Manuel Noriega, était aussi président de BQ Holding, une entreprise qu'il avait créée avec Mario Rognoni et Arthur Porter en 2014.