Une infirmière âgée de 49 ans a été accusée d'avoir tué huit résidents de foyers pour personnes âgées dans le sud-ouest de l'Ontario, a indiqué la police, mardi.

Elizabeth Tracey Mae Wettlaufer, de Woodstock, a été formellement accusée de huit chefs de meurtre prémédité, qui auraient été commis entre 2007 et 2014. Selon la Police provinciale de l'Ontario, elle aurait administré aux victimes des médicaments que l'on retrouve habituellement dans les pharmacies de résidences pour personnes âgées. La police n'a pas voulu préciser les mobiles des meurtres allégués.

L'identité des victimes a été dévoilée: il s'agit de James Silcox (84 ans), Maurice Granat (84 ans), Gladys Millard (87 ans), Helen Matheson (95 ans), Mary Zurawinski (96 ans), Helen Young (90 ans), Maureen Pickering (79 ans) et Arpad Horvath (75 ans). Les sept premières victimes résidaient au centre Caressant Care, à Woodstock, alors que la huitième habitait le centre Meadow Park, à London.

La police croit que l'accusée a aussi travaillé dans d'autres centres de soins de longue durée en Ontario, sans préciser davantage. Les registres du Collège des infirmières de l'Ontario révèlent que Mme Wettlaufer s'est inscrite en août 1995 et qu'elle a quitté la profession le 30 septembre dernier. Elle n'était plus autorisée à pratiquer son métier.

L'entreprise Caressant Care Nursing and Retirement Homes, qui exploite 15 centres de soins de longue durée en Ontario, surtout dans de petites villes, a indiqué qu'elle collaborait avec la police.

La Police provinciale a indiqué que l'accusée avait comparu mardi matin et qu'elle demeurait en détention. Par ailleurs, l'enquête se poursuit et d'autres accusations pourraient être portées, a-t-on précisé. Les policiers disent avoir été informés des décès le 29 septembre et ils ont arrêté Mme Wettlaufer lundi.

La fille de l'une des victimes, Susan Horvath, a dit qu'elle avait senti que quelque chose n'allait pas avant la mort de son père, Arpad.

«J'ai vu mon père et la condition dans laquelle il était et il éprouvait beaucoup de peur - beaucoup de peur - et j'ai remarqué des choses, des choses sur son corps... J'avais un pressentiment et je l'ai dit à ma mère», a-t-elle relaté à la station de radio AM980.

Daniel Silcox dit avoir appris que son père, James, faisait partie des victimes en écoutant la radio, mardi matin. «On vit la mort de mon père en ce moment. C'est terrifiant», a-t-il confié à La Presse canadienne.

Le chef de police a reconnu que la nouvelle pourrait ébranler la communauté déjà éprouvée par le drame de la petite Victoria Stafford, qui avait été kidnappée dans le stationnement du centre Caressant Care, à Waterloo, en 2009.

«C'est très difficile pour une communauté d'avoir à endurer ce genre d'incidents tragiques, mais la communauté est forte et elle se ralliera. Nous travaillerons ensemble pour passer à travers cela comme nous l'avons fait lors d'autres incidents majeurs», a indiqué William Renton.

La nouvelle s'est même retrouvée à l'Assemblée législative de l'Ontario. Questionnée à savoir si le meurtre aurait pu être détecté plus tôt, la première ministre Kathleen Wynne a dit qu'il ne serait pas approprié de commenter une enquête policière en cours, affirmant toutefois qu'il s'agissait «d'une nouvelle tragique et bouleversante».