Un officier supérieur de l'armée canadienne, décoré par pour ses actes en Afghanistan, a été arrêté pour agression sexuelle sur un cadet. Il fait face à 10 chefs d'accusation pour des gestes qu'il aurait commis de 1998 à 2007.

La chute du lieutenant-colonel Mason Stalker s'annonce vertigineuse. Il y a quelques jours à peine, l'officier de 40 ans dirigeait les 1400 soldats envoyés en Saskatchewan pour combattre les feux de forêt ravageant le nord de la province. Aujourd'hui, il se trouve accusé d'agressions sexuelles et d'exploitation au terme d'une enquête menée par le Service national des enquêtes des Forces canadiennes. Cette enquête a été déclenchée le 27 avril après la réception d'une plainte.  

Les faits reprochés au lieutenant-colonel Stalker se seraient produits sur une longue période, de 1998 à 2007, alors qu'il était mentor dans le corps des cadets de l'armée d'Edmonton. Les chefs d'accusation concernent des gestes posés sur une personne alors mineure. Les 10 chefs d'accusation sont passibles d'un maximum de 10 ans de prison.

Accusations portées contre le lieutenant-colonel Mason Stalker

• Trois chefs d'agression sexuelle

• Quatre chefs d'exploitation sexuelle sur un adolescent

• Un chef de contacts sexuels sur un enfant de moins de 16 ans

• Un chef d'incitation à des contacts sexuels sur un enfant de moins de 16 ans

• Un chef abus de confiance par un fonctionnaire

 «Il s'agit d'accusations graves et importantes portées aux termes du Code criminel du Canada», a précisé le lieutenant-colonel Francis Bolduc, commandant du Service national des enquêtes des Forces canadiennes. En entrevue, celui-ci précise avoir choisi de porter des accusations en vertu du Code criminel plutôt qu'en vertu de la Loi sur la défense en raison des circonstances entourant l'affaire.  

D'autres victimes pouvant se manifester, le Service national des enquêtes des Forces canadiennes invite quiconque ayant des informations à le contacter.



Officier décoré




Le lieutenant-colonel Mason Stalker, âgé de 40 ans, occupe un poste prestigieux au sein de l'armée alors qu'il commande présentement le 1er bataillon Princess Patricia's Canadian Light Infantry, un prestigieux bataillon de l'armée canadienne. En portant ces accusations, l'armée dit vouloir envoyer le message qu'aucun de ses membres n'est au dessus des lois. 

«Peu importe l'individu, peu importe le grade, on va enquêter et porter des accusations si c'est justifié», a indiqué à La Presse le lieutenant-colonel Francis Bolduc, commandant du Service national des enquêtes des Forces canadiennes.Ces accusations surviennent alors que le nouveau chef d'état-major des Forces canadiennes, le général Jonathan Vance, a dénoncé l'inconduite sexuelle dans l'armée.

Le lieutenant-colonel Stalker a été décoré par le gouverneur général du Canada à deux reprises pour ses gestes en Afghanistan, lui qui a participé à deux missions, en 2007 et 2010. «La performance du lieutenant-colonel Stalker était de haut niveau et a fait honneur aux Forces canadiennes et au Canada», avait déclaré le Gouverneur général en 2012.Lors de sa seconde mission à Kandahar, de juin 2010 à octobre 2011, il travaillait au commandement des troupes de l'OTAN dans tout le sud de l'Afghanistan.Originaire de l'Ontario, le lieutenant-colonel Stalker a grandi à Revelstoke, en Colombie-Britannique, où il a joint le corps des cadets local avant de s'enrôler dans l'armée.

En juin dernier, l'officier visitait d'ailleurs le corps des cadets de Revelstoke où il a encouragé les jeunes à persévérer. «Il y a des moments où vous vous direz 'ce n'est pas fait pour moi, c'est trop difficile'. Mais je vous invite à rester dans ce programme. C'est un programme fantastique et vous le réaliserez plus tard» a-t-il dit aux jeunes cadets en juin dernier.