Marc-Olivier Perras n'a pas regardé en direction de la salle d'audience, hier matin, lorsqu'il a brièvement comparu, menottes aux poignets, au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield, pour être accusé du meurtre prémédité de son ex-amie de coeur, Karine Faubert. La jeune femme de 21 ans a été tuée par balle le 12 août dernier.

Assis dans la première rangée de la salle d'audience, encadrés par des enquêteurs, des proches de Karine Faubert observaient le jeune homme. Grand, mince, arborant une petite barbe, l'accusé semblait un peu perdu. La comparution n'a duré que quelques minutes.

L'accusé de 21 ans reste détenu. Il devra tout de même se plier à une ordonnance de la Cour qui lui interdit de communiquer avec une dizaine de personnes et leur famille. Après la comparution, la procureure de la Couronne, Hélène Langis, et l'avocat de la défense, Me Daniel Martel-Croteau, ont refusé de parler du mobile ou de quelque détail que ce soit au sujet de cette affaire. Mais en coulisse, on allègue qu'il s'agit d'une affaire d'argent, une dette que l'accusé aurait eue envers la victime.

Marc-Olivier Perras et Karine Faubert ont été en couple pendant cinq ans, avant de se quitter il y a environ un an. Ils avaient tous deux entrepris une autre relation amoureuse depuis. M. Perras, qui avait une nouvelle copine depuis une dizaine de mois, s'était même établi avec elle dans un logement de Saint-Timothée récemment. Hier après-midi, des proches de cette jeune femme s'affairaient à vider le logement de son contenu. «Je le pensais correct. Mais c'est un manipulateur. Il a jeté trois familles à terre», s'est exclamé un homme qui participait au déménagement et qui ne veut pas être nommé. Il faisait bien sûr allusion à la famille de Karine Faubert, à celle de Marc-Olivier Perras et à celle de la dernière copine en date de celui-ci.

Tous s'accordent pour dire que l'accusé vient d'une bonne famille. Son père travaille depuis une trentaine d'années pour une grande entreprise et sa mère est très impliquée dans la communauté. Le jeune homme semblait apprécié lui aussi. C'est l'incompréhension.

Stupéfaction

David Cécyre, un jeune agriculteur qui opère une ferme laitière de 200 vaches à Saint-Stanislas-de-Kostka, est stupéfait. Marc-Olivier Perras, fils d'un de ses voisins, a travaillé pour lui pendant des années. En fait, il a commencé à travailler à la ferme alors qu'il était très jeune, en faisant de petits boulots. Ensuite, c'est devenu son job d'étudiant. Marc-Olivier était un bon travailleur, dit-il, et il prenait son travail à coeur.

«J'en ai vu passer, des employés, ici, a dit M. Cécyre. Il y en a qui ne sont pas intéressés, ils viennent juste pour la paie. Mais Marc-Olivier n'était pas comme ça. Et je ne l'ai jamais vu se fâcher avec un employé ou avec les animaux.» L'agriculteur ne l'a jamais vu avec une arme non plus.

Le jeune Perras a arrêté de travailler à la ferme en décembre dernier, en raison d'une luxation à l'épaule qui le faisait souffrir. Il s'était blessé en faisant du ski, mais s'était démis l'épaule de nouveau en tombant au travail. «Il s'est défait l'épaule six fois ici. Il attendait pour une opération», a indiqué M. Cécyre.

Au printemps, M. Perras a eu un accident de la route alors qu'il était en compagnie de sa nouvelle copine. Sa voiture était une «perte totale». Comme il était assuré, il en a obtenu une autre, une Toyota Corolla.

M. Perras et sa copine n'étaient pour ainsi dire pas connus dans le quartier de Saint-Timothée, où ils ont emménagé il y a un mois et demi. Mercredi, des voisins ont vu des policiers arriver sur les lieux dans la matinée. Ils seraient restés plusieurs heures dans le logement et seraient repartis en après-midi en emportant ce qui ressemblait à des armes, selon des voisins. Peut-être des armes de collection, car on aurait dit qu'il y avait une arme à chien, suggère l'un d'entre eux. Une chose est sûre, aucune accusation relative à la possession d'armes n'a été portée contre M. Perras, hier. À la Sûreté du Québec, il n'y avait pas d'information accessible à ce sujet. On ne voulait pas non plus confirmer ou infirmer le fait qu'un coffret contenant une arme en lien avec le crime aurait été trouvé dans un cours d'eau.

M. Perras reviendra en Cour du Québec le 1er septembre, afin qu'on fixe une date pour son enquête préliminaire. Les funérailles de Karine Faubert auront lieu le 27 août. La jeune femme, qui a étudié en communication à l'UQAM, travaillait aussi occasionnellement à l'Hôtel Plaza, à Salaberry-de-Valleyfield. Elle devait d'ailleurs y travailler samedi dernier.

Rappelons que son corps a été trouvé dans un petit chemin de Godmanchester vers 11h15, la veille, le vendredi 12 août. Deux heures plus tôt, elle avait quitté le domicile familial pour aller rencontrer quelqu'un qui lui devait de l'argent.