Une partie des matières normalement recyclables de Montréal pourrait aboutir au dépotoir le mois prochain. Un bras de fer à l'hôtel de ville risque de repousser à la fin de septembre le renouvellement d'un contrat, ce qui empêcherait d'ici là le recyclage des réfrigérateurs, meubles et autres objets encombrants mis à la rue ou reçus dans les écocentres.

Les élus montréalais devaient se prononcer, hier, sur l'attribution d'un contrat de 18,9 millions à l'entreprise Koncas Recyclage. Ce mandat vise à assurer le tri et la valorisation des résidus de construction et des encombrants de l'ensemble de l'île pour les trois prochaines années. Le point n'a toutefois pu être mis à l'ordre du jour de la séance du conseil municipal à la suite d'un oubli d'un employé de l'hôtel de ville.

Le service du greffe doit en effet envoyer aux élus tous les documents qui justifient les votes le jeudi précédant la rencontre mensuelle. Or, le contrat de 35 pages n'apparaissait pas parmi les 4039 pages acheminées jeudi dernier. C'est seulement hier matin que l'erreur a été découverte et corrigée.

Manque de temps invoqué

Mais trop tard au goût de l'opposition. Celle-ci a refusé que le point soit ajouté à l'ordre du jour de la séance du conseil municipal. «On a reçu le dossier à 11h, alors on n'a pas eu la chance de le lire et l'analyser pour prendre une décision éclairée», a justifié Lionel Perez, chef d'Ensemble Montréal.

L'administration Plante a tenté hier de forcer l'ajout du point à l'ordre du jour, mais pour ce faire, elle devait réussir à rallier plus des deux tiers des voix au conseil municipal. Or, seulement 40 des 65 élus siégeant à l'hôtel de ville ont accepté. Du coup, l'adoption du contrat risque ainsi d'être reportée au prochain conseil, prévu le 17 septembre.

«C'est un geste irresponsable qui va avoir des conséquences graves», a affirmé Jean-François Parenteau, élu responsable des services aux citoyens.

L'ancien contrat étant échu, Montréal ne dispose plus d'entreprise pour trier et recycler les encombrants collectés. La Ville risque ainsi de devoir les envoyer à l'enfouissement. Cette décision pourrait coûter 300 000 $, la métropole devant payer une compensation pour chaque tonne envoyée au dépotoir. L'administration pourrait aussi suspendre la collecte des encombrants.

Des discussions avaient lieu hier soir entre l'administration et l'opposition pour tenter d'éviter d'en arriver à une interruption du service.

C'est la première fois que cette règle sur les délais pour présenter des documents - ironiquement introduite par Projet Montréal en 2016 - est invoquée. À l'époque, le parti disait vouloir éviter que les élus soient appelés à voter sur des sujets dont ils n'avaient pas pris connaissance.

Cette fois, l'administration Plante assure qu'elle était prête à donner du temps à l'opposition pour lire le document manquant en reportant l'adoption du point à la fin de l'ordre du jour. Ensemble Montréal a toutefois refusé.

Les ratés s'accumulent

L'attribution de ce contrat pour la gestion des encombrants accumule les ratés depuis près d'un an. La Ville a dû procéder à quatre appels d'offres avant de réussir à trouver une entreprise pour faire le travail. Le premier exercice a dû être annulé en raison du prix trop élevé demandé. Pour le deuxième, aucune entreprise n'a répondu. Des délais administratifs ont également mené à l'abandon du troisième.

Soulignons également que le présent contrat de 18,9 millions sur trois ans est 22% plus onéreux que prévu. Montréal s'attendait à payer 66 $ par tonne de matière à recycler. Les prix ont plutôt oscillé de 77 $ à 92 $ la tonne, selon le type de matière. La Ville explique cet écart par la hausse du coût de traitement de ces matières recyclables.