Après des années de croissance du réseau cyclable, l'administration Plante met la pédale douce sur l'expansion afin de prendre un virage sécuritaire. Montréal profitera de la saison des chantiers pour privilégier la protection des cyclistes plutôt que l'ajout de kilomètres de pistes.

Depuis dix ans, la Ville de Montréal se fixait comme objectif de faire croître de 50 km par an la taille de son réseau cyclable. Rompant avec cette pratique, la nouvelle administration a annoncé aujourd'hui qu'elle ajouterait seulement 33 km de pistes.

«On s'enlève cette pression d'atteindre le 50 km. Ce qu'on veut, ce sont de bons aménagements», a indiqué Marianne Giguère, responsable vélo au sein de l'administration Plante.

Montréal profitera de cette baisse de cadence pour se concentrer sur l'amélioration des pistes existantes. En effet, le tiers des 33 km de nouvelles pistes seront protégés. Et plusieurs projets prévus en 2018 serviront à sécuriser des axes existants.

Vélo Québec salue ce virage. «C'est là qu'on est rendu. Ce n'est pas tant le nombre de kilomètres qui est important, mais la qualité des kilomètres», a réagi sa PDG, Suzanne Lareau.

Projet emblématique de cette nouvelle stratégie, la piste cyclable de la rue Clark balisée par de simples bollards pour l'heure sera réaménagée afin de faire place à un large mail protecteur. Celui-ci sera assez large pour accueillir de la végétation en son centre. Les cyclistes se trouveront ainsi mieux protégés des voitures se garant en bordure de piste, réduisant les risques d'emportiérage. À noter, cet ajout ne fera pas disparaître les deux voies de stationnement et la voue de circulation, l'artère étant jugée encore assez large.

«Plus une rue est large, plus elle invite à la vitesse. Plus elle est étroite, plus elle va inviter à modérer leur vitesse. On a tout intérêt en ville à avoir des rues étroites pour que la sécurité des piétons et cyclistes soit améliorée», a commenté Suzanne Lareau.

L'avenue des Pins sera aussi réaménagée afin de permettre l'implantation de pistes unidirectionnelles protégées. Au passage, 130 cases de stationnement disparaitront dans le secteur.

«On ne pourra pas faire de la place aux cyclistes en ville en se disant qu'on ne touchera pas à la place des voitures», a souligné Suzanne Lareau.

Peu de projets auront lieu dans le centre-ville toutefois. Vélo Québec doit présenter sous peu à Montréal un plan pour améliorer le réseau cyclable dans ce secteur de la ville, en suggérant des axes où aménager des pistes. «Je m'attends à plus de projets au centre-ville l'an prochain. Il faut que ce soit plus sécuritaire et convivial pour les cyclistes», a indiqué Suzanne Lareau.

En plus des pistes, Montréal prévoit doubler le nombre de sas pour vélo, ces cases vertes au sol qui permettent aux cyclistes de se positionner devant les voitures aux intersections afin d'être plus visibles. Sept nouveaux sas seront aménagés cet été.

Montréal doublera aussi le nombre de bornes de comptage de cyclistes pour avoir une meilleure connaissance de l'utilisation de son réseau cyclable. De 20 à 25 de ces appareils seront implantés au cours des prochains mois.

Enfin, l'administration travaillera en 2018 au déploiement du Réseau express vélo (REV) promis en campagne par Projet Montréal. Une consultation doit avoir lieu à ce sujet sous peu. L'administration Plante dit envisager d'implanter un des 7 axes majeurs de vélo sur la rue Saint-Denis.