Malgré des retards accumulés dans la construction du futur pont Champlain, le maître d'oeuvre du chantier maintient l'engagement de le livrer au plus tard en décembre 2018.

« Ce sera tout un défi. Personne ne pense que ça va être facile. On va devoir se serrer les coudes, mais c'est réalisable et atteignable », a affirmé ce matin Daniel Genest, directeur de chantier pour le consortium Signature Saint-Laurent, lors d'une présentation de l'avancement des travaux.  

Le contrat qui a été conclu entre le consortium et le gouvernement fédéral prévoit des amendes de 100 000 $ par jour de retard pendant la première semaine, et de 400 000 $ par jour par la suite. La date butoir pour la livraison du pont n'a cependant pas encore été déterminée, mais sera au plus tard autour du 21 décembre 2018, a expliqué le consortium en conférence de presse. Son ouverture officielle à la circulation ira cependant un peu plus tard.  

Plus d'ouvriers sur le chantier

« On a investi plus de ressources sur le chantier. Cela implique qu'il y a plus de quarts de travail et des travaux qui sont réalisés les fins de semaine », a précisé M. Genest.   

Le budget initial de construction s'élevait à 4,2 milliards, mais ces ajouts de personnel, qui porteront bientôt à 1 100 le nombre d'ouvriers sur le chantier, mèneront inévitablement à des dépassements de coûts. Le gouvernement et le consortium sont en discussions pour déterminer qui paiera pour ces frais supplémentaires, qui découlent en partie de facteurs imprévisibles.  

Le consortium affirme que les travaux étaient menés à terme à 65 % à la mi-décembre. Les ouvriers ont commencé hier soir ce qui pourrait être l'opération « la plus complexe » de tout le chantier, soit l'installation des travées principales dans la portion à haubans du pont. Les 324 segments qui composent les « jambes du pont » ont été installés. Les deux tiers des chevêtres qui supporteront le tablier du pont ont été fabriqués et presque sont 50 % ont été installés, indique le consortium. 

3400 non-conformités  

Jusqu'à maintenant, près de 3400 non-conformités ont été décelées, dont la moitié proviennent de pièces préfabriquées en usine, notamment en Espagne. Pour accélérer les travaux, le consortium accepte malgré tout ces pièces et les corrige à ses frais sur le chantier. « La qualité ne sera pas compromise. Quand on décèle une non-conformité, on règle le problème », a expliqué le chef de chantier.  

« Très, très peu de non-conformités majeures » ont nécessité une reprise des travaux, a dit M. Genest. « Quoi qu'il en soit, 100 % de ces non-conformités devront être réglées d'ici la fin du chantier », a-t-il ajouté. 

Le gouvernement du Canada s'est dit satisfait de l'avancement des travaux. Une somme de 200 millions a néanmoins été prévue au cas où il faudrait prolonger la vie de l'ancien pont Champlain à cause de retard. La structure, inaugurée en 1962, coûtera au minimum 400 millions à démolir une fois le nouveau pont ouvert à la circulation, mais au moins 43 millions devront être investis en 2019 pour assurer sa sécurité d'ici la transition, a expliqué Glen Carlin, dirigeant principal de la Société des ponts fédéraux.

Un syndicat inquiet

Le Conseil provincial (international) construction, le syndicat qui représente plus de la moitié des ouvriers sur le chantier, dit s'inquiéter de voir le consortium intensifier la cadence des travaux pour respecter ses engagements. « Nous avons peur que ça accentue la pression sur les travailleurs et qu'il y ait un impact sur la santé et la sécurité », indique son président, Michel Trépanier.  

« Mais ce qui nous inquiète le plus, c'est l'idée que le pont soit construit en PPP. On le voit, l'influence du gouvernement sur le chantier est très limitée, et le consortium est en train de se protéger de façon contractuelle contre les retards », estime M. Trépanier.