Le pire ennemi de la Coalition avenir Québec (CAQ) est le cynisme de la population, une attitude qui s'est développée à cause des gouvernements libéral et péquiste, critique le député caquiste Jean-François Roberge.

Selon lui, l'écart entre les engagements de ses adversaires politiques et leur application, une fois que ceux-ci se sont retrouvés au pouvoir, n'est pas étranger à la situation. La crise étudiante de 2012 en est un exemple éloquent, dit M. Roberge, qui rappelle que les péquistes ont fait «trois rondes de compressions en éducation» alors qu'ils avaient manifesté «en frappant sur des casseroles» lorsqu'ils étaient dans l'opposition.

«Notre pire ennemi, ce ne sont pas les partis politiques, mais le cynisme que les libéraux et les péquistes ont légué», a-t-il affirmé dimanche matin devant un parterre de jeunes militants de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Quelques minutes plus tard, il rappelait que si Philippe Couillard avait justifié les compressions de son gouvernement en disant aider la jeunesse, il avait, selon lui, plutôt «sacrifié une génération».

M. Roberge et des représentants du Parti libéral du Québec (PLQ), du Parti québécois (PQ) et de Québec solidaire (QS) participaient à un débat sur les enjeux concernant les jeunes, organisé par la FECQ afin de clôturer le camp de formation annuel de l'organisme.

Les attaques du caquiste ne sont pas restées sans réplique. À quelques reprises, la ministre de l'Enseignement supérieur Hélène David a même corrigé son vis-à-vis, qui promettait ce qui était déjà amorcé ou mis en place par le gouvernement libéral, comme le financement accru des petites collectivités. «Youhou, M. Roberge!», a lancé avec un sourire en coin Mme David.

Elle a également laissé entendre que le déficit zéro promis par la CAQ risquait de faire mal à la population.

Travailler ensemble

Le ton général de ce débat n'a toutefois pas été acrimonieux. À une question d'une élève concernant les actions à prévoir pour contrer les violences sexuelles dans les cégeps dans la foulée du mouvement #metoo, les quatre candidats se sont retrouvés sur un terrain d'entente. La députée péquiste Catherine Fournier a félicité la ministre David pour la loi 151 visant à prévenir et combattre les violences sexuelles; les représentants de la CAQ et de QS ont approuvé en hochant de la tête. «On peut travailler ensemble», a conclu M[exposant]me David.

Dans le même esprit, le candidat de QS dans Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, a souligné l'importance de la parité dans les équipes politiques. «Ma fleur va à la CAQ qui présente autant de femmes que d'hommes alors que vous étiez bon dernier lors de la dernière élection», a souligné M. Leduc.

Le candidat de QS a profité de chaque intervention pour exposer la vision de son parti et ses engagements concrets. Par exemple, la question du transport collectif lui a permis de parler de l'abaissement de 50% des tarifs pour l'ensemble de la population après que Mme David eut réitéré la volonté de son équipe d'offrir la gratuité en transport aux étudiants.

Alexandre Leduc s'est alors tourné vers Mme David pour lui dire, sur un ton amusé, qu'elle était en train de le dépasser sur sa gauche. Hélène David a saisi la balle au bond. «Bientôt, tu vas me prendre pour ma soeur», a-t-elle laissé tomber en référence à sa soeur, l'ex-députée de QS Françoise David, déclenchant les rires dans la salle.

Appel au vote des jeunes

En fin de débat, les quatre politiciens ont rappelé l'importance d'exercer son droit de vote, d'autant plus que cette année, les 18-39 ans représentent le tiers de l'électorat. «Je vous invite à être contagieux. Vous avez un rôle à jouer», a affirmé Catherine Fournier en s'adressant aux jeunes leaders de la FECQ. «Allez voter, intéressez-vous à la politique. C'est peut-être cliché et quétaine, mais vous êtes l'avenir du Québec», a renchéri Hélène David.

De son côté, Jean-François Roberge a convié les jeunes à choisir «un parti neuf qui ne doit rien à personne». Quant à Alexandre Leduc, il a cherché à faire vibrer la fibre environnementaliste pour qu'elle soit la question décisive à se poser une fois dans l'isoloir. Deux fois plutôt qu'une durant le débat, il a d'ailleurs insisté pour dire qu'«il ne peut y avoir de justice sociale sur une planète morte». «La question de l'urne doit être celle des changements climatiques. C'est le thème central de cette élection.»

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Les 21, 25, 26 et 27 septembre, la plupart des étudiants pourront voter sur leur campus. Au total, 172 universités, cégeps et centres de formation professionnelle accueilleront un bureau de vote réservé aux étudiants. Plus de 400 000 étudiants sont visés. Le vote en établissement d'enseignement a été mis en place lors du précédent scrutin, en 2014.