Le cadre financier du gouvernement Couillard, qui affiche des surplus plus importants que prévu pour les trois prochaines années, tient la route, conclut la vérificatrice générale Guylaine Leclerc.

Québec dégage des surplus annuels plus élevés de 950 millions de dollars par rapport à ses prévisions. Il doit ainsi puiser beaucoup moins, et seulement cette année d'ailleurs, dans sa réserve de stabilisation pour arriver à l'équilibre budgétaire. Cette réserve, constituée des surplus accumulés année après année, dépasse maintenant les six milliards de dollars.

« Pour l'année 2018-2019 à 2020-2021, les prévisions économiques ainsi que les prévisions du cadre financier et de la dette sont plausibles dans tous leurs aspects significatifs », écrit Guylaine Leclerc dans son tout premier rapport préélectoral sur l'état des finances publiques.

Grâce à son éclairage, un prochain gouvernement ne pourrait déclarer qu'il y a un trou ou une impasse dans les finances publiques, un refrain bien connu au lendemain des élections.

Québec a conclu l'année 2017-2018 avec un surplus largement supérieur à ses prévisions en raison d'une meilleure performance de l'économie : 2,3 milliards, comparativement aux 850 millions anticipés. Le premier ministre Philippe Couillard l'avait confirmé dans une récente entrevue à La Presse, sans toutefois donner de chiffres. Cette marge de manoeuvre lui permettait alors d'annoncer que sa promesse sur la gratuité de la garderie pour les enfants de 4 ans serait réalisée dès la première année d'un prochain mandat libéral.

« Nous avons recensé certains facteurs qui peuvent affecter la réalisation des prévisions, mais leur impact n'est pas suffisamment significatif pour modifier notre conclusion », note Mme Leclerc. Elle précise que certains de ses facteurs auraient pour effet d'augmenter les surplus. « Cependant, comme des incertitudes non négligeables liées à l'économie pourraient annuler en grande partie cet effet positif, nous maintenons notre conclusion quant à la plausibilité des prévisions », affirme-t-elle.

Québec table sur une croissance du PIB réel de 2,1% en 2018, 1,7% en 2019, 1,5% en 2020 et 1,3% en 2021. « Les principales prévisions économiques » du gouvernement « sont comparables à celles du secteur privé puisqu'elles se situent à l'intérieur d'une fourchette acceptable », selon la vérificatrice générale. Elle conclut que les prévisions de revenus sont « plausibles », donc « dignes de foi », pour les trois prochaines années.

Il en va de même pour les prévisions en matière de dépenses. Le gouvernement prévoit une croissance moyenne des dépenses - excluant le service de la dette - de 3,7% en moyenne au cours de cette période (dont 4% pour la Santé et 4,5% pour l'Éducation). C'est supérieur à la moyenne pour les années 2011-12 à 2016-17 (2,8%).

La VG salue la marge de prudence d'environ 500 millions que le gouvernement s'est ménagée afin de faire face à des dépenses imprévues.

Il y a toujours un différend avec le bureau du vérificateur général et le ministère des Finances au sujet de l'application d'une norme comptable sur les paiements de transfert. L'actuelle pratique du gouvernement « a eu pour effet une surévaluation des surplus de 215 millions au 31 mars 2017 » et également une « sous-évaluation de la dette » de 9,6 milliards, selon la VG. Elle n'a pas tenu compte de cet élément dans l'appréciation générale du cadre financier du gouvernement.

La dette brute s'élève à 205 milliards de dollars. Son poids par rapport au PIB doit diminuer dans les prochaines années, passant de 47,5% cette année à 45,1% en 2020-21. Le gouvernement verse 2,5 milliards cette année dans le Fonds des générations pour réduire le poids de cette dette - 2,7 milliards en 2019-20 et près de 3 milliards en 2020-21.

Après le versement au Fonds, le budget est équilibré en 2018-19, affiche un léger surplus de 14 millions en 2019-2020 et un plus important, 471 millions, en 2020-21.

«Bon» pour le Québec, dit Couillard

Le rapport qu'a déposé lundi la vérificatrice générale démontre que l'équipe libérale est l'une des meilleures de l'époque moderne du Québec en ce qui a trait à la gestion des finances publiques et de l'économie, a déclaré Philippe Couillard.

De Scott, en Beauce, où il réunissait une centaine de ses candidats, trois jours avant le déclenchement des élections, M. Couillard a plaidé pour qu'on ne brise pas l'élan des libéraux.

«C'est des bonnes nouvelles pour le Québec», s'est-il réjoui.

«Il ne faut surtout pas briser cet élan. Il faut aller encore plus loin, [...] parler de la vie des gens, de ce qui peut rendre leurs vies meilleures, maintenant qu'on s'est donné les moyens de parler de ça aussi.»

M. Couillard a rappelé que c'est son gouvernement, par souci de transparence en 2015, qui a donné le mandat au Vérificateur général de dresser désormais le portrait objectif des finances publiques du Québec avant la tenue de chaque élection générale. Il s'agit donc d'une première, un geste qualifié par Mme Leclerc «d'important exercice démocratique».

Le premier ministre a aussi martelé que, grâce à son gouvernement, le Québec est maintenant mieux «armé» pour faire face à l'incertitude qui règne sur les marchés mondiaux.

«Si on n'avait pas fait cet exercice d'équilibre [budgétaire], on n'aurait pas eu les moyens de donner aux entreprises ce qu'il faut pour affronter cette période d'incertitude», a-t-il affirmé.

-Avec La Presse canadienne