Le Parti québécois et même l'option souverainiste risquent de perdre des appuis au sein du monde syndical avec la candidature de Pierre Karl Péladeau, anticipe le président de la CSN, Jacques Létourneau.

«Je ne serais pas étonné que des militants remettent en question leur appui au Parti québécois ou à l'indépendance du Québec», a indiqué M. Létourneau en marge d'une rencontre de ses membres, aujourd'hui à Montréal. De là à prédire un transfert de votes du PQ vers Québec solidaire, le président de la CSN se montre prudent, estimant que la formation de Françoise David lui semble trop «concentrée sur Montréal».

Questionné sur l'appui donné à M. Péladeau par deux anciens présidents de la CSN, Jacques Létourneau a indiqué qu'«ils sont libres de défendre ce qu'ils veulent défendre», mais que leur position ne reflétait pas celle de la centrale syndicale.

Au contraire, la CSN s'est montrée très critique de la nouvelle recrue du PQ dans St-Jérôme devant ses membres. «Quand on regarde sa feuille de route en matière de relations de travail, on aurait été moins étonné qu'il se présente pour la CAQ», a lancé Jacques Létourneau, sous les applaudissements.

Le président de la CSN a également critiqué le retrait du programme du PQ de la proposition pour moderniser le Code du travail, notamment sur la question des briseurs de grève. «Il parait qu'il n'y a pas de lien avec M. Péladeau, mais on pourrait en douter», a lancé Jacques Létournau.

La CSN compte d'ailleurs talonner la première ministre Pauline Marois pour qu'elle s'engage à moderniser les lois du travail. Jacques Létourneau dit vouloir «dompter les comportements d'employeurs qui provoquent des lockout comme [M. Péladeau] en a provoqués à répétition. Là-dessus, la CSN va être intraitable.»

Signe du malaise à l'approche de l'élection, la CSN s'est bien gardée cette année de recommander à ses membres comment voter. «L'exécutif de la CSN ne recommandera pas de voter stratégiquement», a indiqué M. Létourneau. En 2012, la centrale avait invité ses membres à voter en faveur des candidats progressistes.