Le premier ministre Jean Charest veut faire des élections qu'il a déclenchées mercredi un référendum sur le conflit étudiant. Il a appelé « la majorité silencieuse » à s'exprimer le 4 septembre.

«La rue a fait beaucoup de bruit. C'est maintenant au tour des Québécois de parler et de trancher cette question », a-t-il lancé en amorçant sa campagne électorale entourée de ses ministres et d'une poignée de candidats.

Il se trouvait à l'aéroport Jean-Lesage de Québec, là où son gouvernement a beaucoup investi dans les dernières années, mais aussi un lieu hautement sécurisé, à l'abri de tout manifestant potentiel.

Dans son allocution d'une dizaine de minutes, Jean Charest a longuement abordé la question du conflit étudiant, né de la hausse des droits de scolarité de son gouvernement. Il place clairement cet enjeu au coeur de sa campagne électorale. « Nous avons écouté et fait tous les efforts possibles pour régler ce dossier. Mais toujours nous nous sommes butés à un mur infranchissable d'intransigeance », a-t-il affirmé.

Au cours des derniers mois, « les actes d'intimidation, de vandalisme et de violence ont été perpétrés. Le non-respect des lois a été banalisé dans certains milieux. Les Québécois ne se reconnaissent pas dans ces agissements qui ne nous ressemblent pas. Ce n'est pas le Québec que nous voulons, ce n'est certainement pas le Québec que nous aimons ». Derrière la question des droits de scolarité, « il y a un autre agenda qui vise à contester l'ordre établi », a-t-il observé.

Selon lui, « l'élection du 4 septembre n'est pas comme les autres. Nous devons décider du type de société dans laquelle nous voulons vivre ».

C'est alors qu'il a lancé ses premières salves contre ses adversaires. « Je vous propose une société qui avance dans le respect de chaque citoyen, de nos institutions, de la démocratie. Pauline Marois nous propose un gouvernement qui abdique ses responsabilités face à la rue. Pauline Marois et le Parti québécois ont fait le choix d'embrasser le mouvement de contestation, de porter ses symboles et même d'y recruter ses candidats. Elle propose de plier, de céder, de leur donner tout ce qu'ils demandent », a-t-il affirmé.

Quant à François Legault, il a « abandonné la défense du droit à l'éducation pour plaire à sa coalition disparate et pour des raisons électoralistes ». Ce sont à peu près les seuls mots qu'il a prononcés au sujet du chef caquiste au cours de sa conférence de presse.

Au printemps, Jean Charest affirmait qu'il était « grotesque » de penser qu'il profiterait du conflit étudiant pour déclencher des élections. En conférence de presse, il a affirmé que « cette question s'impose par elle-même ». « J'aurais voulu la contourner, et ça aurait été impossible », a-t-il plaidé. Il a ajouté que « personne n'a souhaité ce qui est arrivé au printemps ». Les élections donnent selon lui « voix au chapitre à tout le monde », incluant « la majorité silencieuse ».

Jean Charest a appelé les associations étudiantes à ne pas entraver la reprise des cours dans les cégeps touchés par la grève, à la mi-août. « Il n'y a aucune raison d'empêcher des étudiants de suivre les cours », a-t-il dit.

Pour le reste, Jean Charest reprend son discours de 2008 qui a fait recette. Il se présente comme le seul capable de faire face aux « secousses » économiques mondiales, aux « risques importants» qui se pointent à l'horizon. « Encore là, le choix est clair entre la stabilité et l'instabilité », a-t-il dit.

Le scrutin aura lieu juste avant la reprise des travaux de la commission Charbonneau le 17 septembre. Le choix de la date des élections «n'a pas été prise en lien» avec l'horaire de la commission, a répondu M. Charest aux journalistes.