Un gouvernement péquiste abolirait l'enseignement de l'anglais au premier cycle du primaire, une mesure instaurée par les libéraux en 2006. Pauline Marois mise plutôt sur «l'enseignement intensif» de l'anglais à la fin du primaire. L'histoire, la géographie et les mathématiques seraient enseignées aux élèves dans la langue de Shakespeare, une fois les connaissances de base dans ces matières acquises en français.

Autrement, la chef péquiste reconnaît que bien des engagements qu'elle a pris jusqu'ici sont similaires à ceux du Parti libéral. Hier, elle a recyclé une mesure annoncée par le gouvernement Charest en juin dernier pour en faire sa principale promesse en éducation. Elle s'est engagée à réduire de 20% le nombre d'élèves par classe au primaire et au secondaire dans les écoles en milieu défavorisé. «Il y a des éléments de la plateforme (libérale en matière d'éducation) qui sont intéressants, a reconnu Mme Marois. Et si c'est la chose à faire, on va le faire.» Selon elle, les mesures du PQ «sont différentes dans certains cas, mais dans d'autres elles sont tout à fait comparables. Il n'y a pas de mal à choisir une mesure pertinente et à l'appliquer même si l'autre l'a proposée». Pauline Marois estime toutefois que le PQ et le PLQ ne proposent pas la même vision en matière économique. Dans d'autres domaines, le PQ entend «accélérer des investissements» déjà promis par les libéraux ou mettre en oeuvre certains engagements plus rapidement que le PLQ. souligné.

La chef péquiste a promis que son parti se distinguera clairement de la formation de Jean Charest d'ici la fin de la campagne. «Vous aurez l'occasion de voir apparaître des orientations qui nous démarquent de façon très éclairante», a-t-elle dit. Mme Marois a souligné que le PLQ n'a toujours pas dévoilé sa plateforme électorale. Elle reproche aux libéraux de ne pas avoir réduit plus tôt la taille des classes. Elle l'accuse également de ne pas avoir affecté comme promis 30 millions de dollars à l'embauche de professionnels pour venir en aide aux élèves ayant des difficultés d'apprentissage.

Après la visite d'une école primaire de Terrebonne, Pauline Marois a confirmé son intention d'abolir l'enseignement de l'anglais en première et deuxième années du primaire. «Toutes les analyses démontrent que ce n'est pas en enseignant une langue une heure par semaine qu'un élève apprend cette langue.»

Pauline Marois souhaite un enseignement intensif de l'anglais vers la fin du primaire, une mesure qui serait mise en oeuvre dans les deux premières années d'un mandat péquiste. «Ça peut être de l'immersion, quelques jours dans une semaine consacrés à l'apprentissage de l'anglais», a-t-elle illustré.

Des matières seraient enseignées en anglais: l'histoire, la géographie, les mathématiques, la littérature. Mais ce serait à titre de révision. «Il faut que les enfants apprennent leurs cours de base dans leur langue maternelle», a-t-elle indiqué. Ensuite, «ils pourront apprendre leur géographie et se rappeler leur histoire» dans la langue de Shakespeare. Mme Marois avait déjà soulevé un tollé au printemps en affirmant que l'histoire pourrait être enseignée en anglais dans les écoles francophones.

La réduction de 20% du nombre d'élèves par classe dans 435 écoles défavorisées coûterait 56 millions de dollars, une somme destinée à l'embauche de 1000 enseignants. Le PQ mettrait en oeuvre cette mesure sur deux ans - le PLQ a promis sur trois ans.

Une fois cette promesse réalisée, un gouvernement péquiste réduirait de 10% le nombre d'élèves par classe dans les autres écoles d'ici la fin d'un mandat. Environ 80 millions seraient nécessaires pour embaucher 1400 professeurs de plus. Les libéraux ont promis de mettre en oeuvre cette même mesure à compter de septembre prochain.

Le Québec souffre d'une pénurie d'enseignants. L'an dernier, plus de 2300 professeurs sans permis ont été embauchés. Les deux partis veulent permettre à plus de détenteurs d'un baccalauréat dans une matière enseignée à l'école de devenir professeurs en faisant en parallèle une maîtrise en pédagogie.

Pauline Marois a défendu la réforme qu'elle a lancée lorsqu'elle était ministre de l'Éducation. «Ses fondements étaient solides. Les libéraux ne se sont pas occupés de la réforme, et elle a pris toutes sortes de tournures dont je ne suis pas responsable. On a cessé de l'ajuster en fonction des difficultés qu'elle rencontrait.»