Parfois, c'est la personnalité du député sortant qui retient l'attention. ou celle d'un adversaire. À moins qu'un dossier local fasse basculer le vote sans lien avec la tendance générale. Quand ce n'est pas une vieille allégeance qui menace d'éclater. Les élections réservent toujours des surprises, surtout quand des luttes à trois sont au rendez-vous. Voici 25 de ces circonscriptions qui ne devraient pas manquer d'intérêt le jour du vote.

RÉGION DE MONTRÉAL, MONTÉRÉGIE ET COURONNE NORD



Crémazie

Lisette Lapointe, femme de l'ex-premier ministre et ténor péquiste Jacques Parizeau, n'a pas eu une victoire facile lors du scrutin général de mars 2007. Madame Lapointe l'avait emporté par 170 voix sur la libérale Michèle Lamquin-Éthier. Cette fois, elle devra se mesurer à Martin Cossette un jeune avocat de 33 ans.

 

Rosemont

Louise Beaudoin, qui a subi une dure défaite en 2003 dans la circonscription de Chambly, tente son grand retour en politique. L'ancienne ministre de la Culture et des Relations internationales a posé sa candidature après que Rita Dionne-Marsolais a annoncé qu'elle ne sollicitera pas de cinquième mandat. Le PQ y a devancé les libéraux par plus de 4000 voix en 2007.

Hochelaga-Maisonneuve

En poste depuis 1981, la doyenne des femmes parlementaires à l'Assemblée nationale, Louise Harel, ne sollicitera pas de 8e mandat. Qui tentera de garder cette circonscription péquiste entre les mains du parti? Le choix sera fait lors d'une assemblée d'investiture qui a lieu ce week-end et à laquelle pourrait participer Diane Poirier.

La Prairie

Élue par une avance de 1285 voix sur le péquiste François Rebello en 2007, la députée adéquiste Monique Roy-Verville s'est très peu illustrée à l'Assemblée nationale pendant toute la durée de son mandat. La feuille de route de cette ancienne responsable d'un comptoir de pharmacie fait état d'un nombre très limité d'interventions en Chambre. Ses déclarations récentes selon lesquelles «il y a plus de discipline dans les écoles privées que dans les écoles publiques», ont toutefois été remarquées. M. Rebello, figure politique connue qui chronique notamment dans l'hebdo culturel Voir et dans la revue Commerce, a maintenu un bureau dans la circonscription après sa défaite de 2007, et entend prendre sa revanche. Les deux candidats devront composer avec un vote libéral fort, comme c'est généralement le cas dans cette circonscription.

Prévost

Le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'Affaires municipales, Martin Camirand, risque de souffrir de la baisse de popularité de l'ADQ décelée par les sondages. La péquiste Lucie Papineau, qui avait terminé la course 800 voix derrière lui en 2007, et ce, après trois mandats à l'Assemblée nationale, a cependant pris sa retraite. C'est un enseignant d'histoire, Gilles Robert, qui la remplace.

Iberville

En décidant de traverser la Chambre pour rejoindre les libéraux, l'adéquiste André Riedl s'est certainement mis à dos plusieurs électeurs de sa circonscription. La semaine dernière, il a aussi perdu l'appui d'une attachée politique proche, Lyne Denechaud qui, dans une bruyante sortie à La Voix de l'Est, l'a accusé de manquer de respect aux électeurs. Le politicien avait gagné ses élections avec un avance de plus de 5000 voix devant la péquiste Marie Bouillé, contre qui il aura à nouveau à se battre. L'organisation adéquiste locale, toujours ébranlée par le départ-surprise de son député, n'a pas encore annoncé de candidat.

Groulx

Le PQ aura fort a faire dans cette circonscription gagnée par l'ADQ en 2007. La députée sortante, Linda Lapointe, avait offert ses services aux libéraux avant de se rallier à l'ADQ et remporter ses élections par plus de 3000 voix.

Châteauguay

Député de la circonscription depuis 1994, le ministre libéral du Revenu, Jean-Marc Fournier, tire sa révérence. C'est son ancien chef de cabinet, Pierre Moreau, député défait par l'ADQ dans Marguerite-d'Youville en 2007, qui tentera de gagner la faveur de l'électorat pour les libéraux. Le PQ n'a pas eu de succès dans cette circonscription depuis 1985.

RÉGION DE QUÉBEC



Charlevoix

Fraîchement désignée chef du Parti québécois, Pauline Marois a facilement emporté la circonscription en septembre 2007, avec une avance de plus de 4000 voix sur l'adéquiste Conrad Harvey. Mais les libéraux, respectant la tradition, n'avaient pas opposé de candidat à la nouvelle chef lors de cette élection partielle. Cette fois-ci, le parti de Jean Charest entend se battre, et c'est le maire de La Malbaie, Jean-Luc Simard, natif de la région, qui défendra ses couleurs. «Je vais m'arranger pour que la course soit intéressante», promet-il.

Portneuf

Le député sortant de l'ADQ, Raymond Francoeur, est l'un des quelques élus que le Parti libéral a courtisés ces dernières semaines. Il a refusé de faire le saut, dénonçant la tactique de Jean Charest. Il fera vraisemblablement face au maire de Saint-Marc-des-Carrières, Michel Matte qui se présente pour les libéraux. Le PLQ avait obtenu la deuxième place aux élections de 2007, avec plus de 5000 voix d'avance sur le PQ.

Chauveau

Malgré une avance de plus de 13 000 voix aux élections de 2007, Gilles Taillon, le bras droit de Mario Dumont, laisse tomber Chauveau pour aller tenter de se faire élire en Outaouais. C'est l'ancien chroniqueur parlementaire de TQS, Gérard Deltell, qui portera le drapeau adéquiste à sa place.

BEAUCE

Beauce-Sud

Passée aux mains de l'ADQ en 2007, la très libérale circonscription beauceronne sera représentée sous la bannière libérale par l'ex-ministre Robert Dutil, qui affrontera le député adéquiste sortant Claude Morin. Pourtant, M. Dutil, ministre sous Robert Bourassa, avait participé récemment à la création du l'Union du centre, un parti politique mis sur pied pour critiquer les politiques régionales du gouvernement Charest. Beauce-Sud a été détenue par les libéraux de 1979 à 2007.

LANAUDIÈRE, MAURICIE, CENTRE-DU-QUÉBEC

Joliette

Après un court mandat donné à l'adéquiste Sylvie Lespérance, en 2002, les électeurs de Joliette étaient revenus au PQ, pour ensuite redonner leur confiance à l'ADQ et son candidat Pascal Beaupré en mars 2007. Le politicien, qui n'avait que 24 ans lors du scrutin, avait dû se contenter d'une mince avance. Il affrontera cette fois la péquiste Véronique Hivon, une avocate qui a tenté sa chance contre Philippe Couillard en 2007 dans Jean-Talon, et qui avait obtenu un score respectable.

Champlain

Pierre-Michel Auger, un des deux transfuges adéquistes qui ont défrayé la chronique en octobre, aura fort à faire pour convaincre les électeurs de l'élire sous la bannière libérale. Avec l'ADQ, M. Auger avait obtenu plus du double de votes que ceux recueillis par les libéraux en mars 2007. Lui même anciennement d'allégeance péquiste, il risque d'affronter de nouveau l'ancienne députée du PQ Noëlla Champagne, qui a dit avoir toujours le goût du débat, bien qu'elle reconnaisse avoir perdu «le goût du combat».

Drummond

L'adéquiste Sébastien Schneeberger, qui tente d'obtenir un deuxième mandat, devra se frotter à Yves-François Blanchet, impresario d'Éric Lapointe et homme d'affaires très connu dans la région, que le Parti québécois présente comme un candidat- vedette. Drummond n'est toutefois pas un château fort péquiste. Les libéraux ont détenu la circonscription de 1985 à 1994.

ESTRIE

Johnson

L'ADQ aura fort à faire pour garder ce fief péquiste, arraché par 180 voix en mars 2007. Le député adéquiste sortant, Éric Charbonneau, qui avait été surpris de sa victoire, affrontera cette fois-ci Étienne-Alexis Boucher, le fils du député péquiste défait, Claude Boucher, qui comptait plus 10 ans de service. Boucher fils ne manque pas d'expérience, puisqu'il a été attaché politique pour son père et a aussi travaillé sur la scène municipale.

Mégantic-Compton

Au terme d'une course extrêmement serrée, la libérale Johanne Gonthier avait réussi à se faufiler par moins de 1000 voix en 2007 entre l'adéquiste Jocelyn Brouillette et la péquiste Gloriane Blais. Si la candidate du PQ est toujours sur les rangs, rien n'est certain pour M. Brouillette. Ce dernier a récemment subi une sévère défaite lors d'élections pour devenir préfet de la région. «Je ne crois pas qu'il y aura des élections. Ce serait gênant», a-t-il dit lorsque La Presse lui a demandé, la semaine dernière, s'il compte se présenter une fois de plus.

SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN-CÔTE NORD

Jonquière

Lors des récentes élections fédérales, les électeurs de Jonquière-Alma se sont ralliés massivement derrière le ministre conservateur Jean-Pierre Blackburn. Un immense tintamarre avait été organisé par les élus municipaux du coin, qui ont répété à quel point il importe de «voter du bon bord». Les mêmes élus relanceront-ils leur campagne contre le député péquiste Sylvain Gaudreault, avec qui plusieurs sont en froid depuis qu'il les a publiquement dénoncés pour leur refus de participer à une commission parlementaire sur l'avenir du secteur forestier?

Dubuc

Après 10 ans de services, le péquiste Jacques Côté prend sa retraite. Une militante de longue date du PQ, Élise Gauthier, songe à se présenter, mais d'autres intéressés pourraient se manifester. Dubuc vote pour le PQ depuis 1976.

EST DU QUÉBEC

Gaspé

Le péquiste Guy Lelièvre avait dû se contenter d'une avance de 640 voix contre le maire de Percé, Georges Mamelonet, qui se présentait pour les libéraux en 2007. M, Mamelonet compte être de la partie encore cette fois-ci, mais pas le député péquiste, qui ne sollicitera pas de cinquième mandat. Même si rien n'est gagné pour le parti de Jean Charest, l'intervention du gouvernement libéral à la suite des inondations de Rivière-au-Renard, l'été dernier, a été bien perçue dans la région, et a permis à la ministre libérale Nathalie Normandeau, responsable de la Gaspésie, de se faire voir d'un bon oeil.

Kamouraska-Témiscouata

Actuellement en traitement de chimiothérapie pour un cancer du pancréas, le ministre libéral Claude Béchard est prêt à sauter dans la mêlée. «Je veux bien commencer la campagne électorale, mais je veux aussi la finir si je la commence», avait-il déclaré après son passage récent devant le caucus libéral. En entrevue à La Presse, il a dit qu'il n'est pas en mesure de «faire un marathon», mais qu'il peut «recommencer à courir».

Matane

Le péquiste Pascal Bérubé, victorieux par à peine 213 voix lors des dernières élections, affrontera de nouveau la libérale Nancy Charest, qui a été députée de la circonscription de 2003 à 2007. Cette dernière s'est présentée au fédéral sous la bannière libérale lors des élections d'octobre. Elle a donné passablement de fil à retordre à Jean-Yves Roy, député du Bloc depuis 2000, terminant la course 600 voix derrière lui.

Îles-de-la-Madeleine

Après trois mandats sous la bannière du PQ, Maxime Arseneau a décidé d'accrocher ses patins. Les insulaires sont loin de voter PQ à tout coup. On se rappellera que les îles ont été représentées par le libéral Georges Farrah de 1985 à 1998. En 2007, le candidat libéral Pierre Proulx s'était incliné par quelque 2000 voix.

ABITIBI ET OUTAOUAIS

Rouyn-Noranda-Témiscamingue

Un autre match revanche s'annonce ici, entre la députée péquiste sortante Johanne Morasse et l'ex-député libéral Daniel Bernard, défait par 129 voix en 2007. L'ADQ avait également bien tiré son épingle du jeu. Si le parti de Mario Dumont devait s'effondrer, difficile de dire où iront les votes. Un indicateur potentiel: aux dernières élections fédérales, le Bloc l'a emporté haut la main, avec presque 50% des suffrages.