En plein ralentissement économique, alors que les revenus du gouvernement risquent de se contracter, le chef libéral rejette la possibilité de hausser les tarifs de garderie et s'engage à les geler à 7$ pour toute la durée d'un prochain mandat. Jean Charest va même plus loin et promettant 15 000 nouvelles places à contribution réduite, une mesure qui coûterait 195 millions.

«On va maintenir les frais de garderie à 7$ pour le mandat. On ne changera pas ça», a dit le chef libéral, de passage en Mauricie pour présenter ses engagements en matière de famille.En 2003, pendant la campagne électorale, Jean Charest avait fait la promesse de ne pas toucher aux tarifs des centres de la petite enfance, instaurés par le Parti québécois, qui étaient alors de 5$ par jour. Cela n'avait pas empêché son gouvernement, fraîchement élu, à peine quelques mois plus tard, de renier sa parole et d'augmenter les frais à 7$.

«Notre gouvernement a fait des gestes depuis plusieurs années pour soutenir les familles du Québec», a toutefois plaidé M. Charest, donnant l'exemple de la réintroduction des allocations familiales et de l'amélioration des congés parentaux.

Le Québec est l'endroit au Canada, voire au monde, où les familles sont le mieux traitées, a-t-il dit en s'appuyant sur une récente étude, dont La Presse Affaires a fait état jeudi, qui conclut que la province est la plus généreuse en mesures sociales pour les ménages avec de jeunes enfants.

«C'est un choix politique que nous avons fait d'appuyer les familles au Québec, a dit le chef libéral. Ça donne des résultats. Les familles ont davantage d'enfants. Ça reflète nos valeurs aussi comme société.»

Réélu, son gouvernement ajouterait 15 000 nouvelles places subventionnées, ce qui porterait à 235 000 le nombre de bambins qui profiteront du régime à contribution réduite à la fin de son mandat.

Mais ces places s'ajoutent aux 18 000 places que la ministre de la Famille, Michelle Courchesne, a promises d'ici deux ans. Or, déjà, le gouvernement se bute à des difficultés techniques dans la création de ces places, notamment les délais nécessaires à la construction de nouvelles garderies.

«Ce qui va accélérer le processus, c'est que nous avons fait un appel d'offres, le printemps dernier, pour lequel nous avons reçu beaucoup de projets admissibles au programme. Avec un gouvernement réélu, nous allons en tirer profit et éviter de recommencer le processus», a souligné Mme Courchesne.

Le chef libéral a aussi promis d'augmenter le nombre de familles qui ont accès au crédit d'impôt remboursable en frais de garde pour ceux qui n'ont pas accès aux places à contribution réduite. Le nombre de congés sans solde, pour s'occuper d'un enfant ou d'un parent âgé, passerait quant à lui de 10 à 15 jours sous un futur gouvernement libéral.

En 2007, l'ADQ de Mario Dumont avait raflé quatre des cinq circonscriptions de la Mauricie, notamment en proposant des mesures comme une allocation de 100$ par semaine par enfant de moins de 5 ans pour pallier le manque de places en garderies subventionnées.

Dans la région de Hérouxville, Jean Charest a estimé, moins de six mois après la publication du rapport de la commission Bouchard-Taylor, que le Québec était sorti grandi du débat sur les accommodements raisonnables. «Ça nous a permis de jeter les bases d'un consensus qui est assez large sur le fait que oui, on doit accepter des gens, mais on doit prendre les moyens de les intégrer.»

Selon lui, l'affirmation de valeurs communes - primauté de la langue française, égalité entre les hommes et les femmes et séparation de la religion et de l'État - a permis de rallier la population québécoise.

Pour le chef adéquiste, le débat identitaire ne sera jamais clos. «Le Québec va avoir des défis permanents en matière d'immigration. Ce ne sera jamais réglé tant que la Loi sur le multiculturalisme va s'appliquer à Ottawa alors qu'elle est incompatible avec la réalité des politiques d'immigration du Québec», a souligné M. Dumont en réplique au chef libéral.

Avec la collaboration de Martin Croteau