Les sondages municipaux ont beau être d'une valeur toute relative, ils ont eu l'effet inestimable de faire lever la campagne. Du sondage Léger Marketing à la controverse du sondage automatisé de l'équipe de Marcel Côté, ils ont marqué au fer rouge cette troisième semaine de campagne.

Lundi, le premier coup de sonde des électeurs montréalais, commandé par l'agence QMI, a confirmé l'avance solide de Denis Coderre, qui obtiendrait 39% des votes. La surprise est venue du côté de Mélanie Joly. Avec 16% des voix, cette nouvelle venue a pratiquement rejoint Marcel Côté, qui s'est lancé dans la course à la mairie en comptant sur l'appui de Louise Harel et de son parti bien établi, Vision Montréal.

Quant à Richard Bergeron, il a obtenu la faveur de 23% des répondants, pratiquement le même score qu'aux élections de 2009. Peut-on parler de «plafonnement» dans son cas? En entrevue éditoriale à La Presse, le chef de Projet Montréal a rejeté cette analyse. «Projet Montréal, c'est maintenant autour de 3000 membres, 103 candidats avec toutes leurs équipes qui font du terrain. Ils ne croient pas à ce que vous venez de dire là.»

Pour la petite histoire, rappelons que le dernier sondage en 2009 plaçait Gérald Tremblay au dernier rang, à 30% des répondants. Il a finalement remporté la course avec 37,9% des voix.

Jeudi, c'est un tout autre type de sondage qui a fait les manchettes, dans ce qui constitue sans doute la première gaffe notable de la campagne.

Un sondage automatisé, commandé par la Coalition Montréal de Marcel Côté, redirigeait les répondants vers des publicités négatives selon leur choix. Pour Richard Bergeron, on rappelait l'affaire de l'organisme Milieu de vie, qui a reçu une subvention de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal qui a fait l'objet d'une plainte à la police. Pour Denis Coderre, on rappelait que son équipe inclut plusieurs anciens conseillers d'Union Montréal.

Le hic, c'est qu'on ne mentionnait jamais que ce sondage avait été payé et autorisé par la Coalition Montréal, en infraction à la loi électorale. Marcel Côté a reconnu son erreur sur ce dernier point, mais a défendu le recours à cette tactique controversée, que les conservateurs et les républicains ont popularisée.

Ses adversaires ont déposé des plaintes au DGEQ, à Élection Montréal et au CRTC, qualifiant ces procédés de «vicieux, mensongers et illégaux». Combinée à son faible score au sondage Léger Marketing, cette controverse ne pouvait plus mal tomber. Dure semaine pour Marcel Côté.

L'ombre de Gilles Vaillancourt

La campagne électorale à Laval a soudainement pris des allures de roman policier cette semaine. L'ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt a été enregistré à son insu en août, offrant du financement à la candidate Claire Le Bel. L'affaire a été révélée lundi. Le soir même, l'attaché politique de Mme Le Bel aurait été agressé par deux hommes sur l'autoroute. Le lendemain, c'était au tour d'un autre candidat, Marc Demers, de porter plainte pour menaces de mort. Et pour simplifier les choses, la Sûreté du Québec met en doute la véracité du témoignage de l'attaché politique agressé, selon le Journal de Montréal. Il a démissionné hier. Dure semaine pour la démocratie lavalloise.

Tous contre la Charte

Le mois dernier, les quatre principaux candidats à la mairie de Montréal avaient déjà fait connaître leur opposition à la Charte des valeurs. Lors du débat télévisé cette semaine, deux d'entre eux, Mélanie Joly et Denis Coderre, sont allés plus loin: ils iront devant les tribunaux pour la contester. Le ministre responsable de la métropole, Jean-François Lisée, les a poliment invités à la discrétion, rappelant qu'«on ne trouve pas trace d'une position publique ou privée de Jean Drapeau sur la loi 101».

Deux débats, cinq minutes de chicane

Les deux débats cette semaine ont quelque peu laissé les Montréalais sur leur faim. Les gants ne sont tombés qu'une fois, à 20h22 lundi soir, quand le centre de compostage dans Saint-Michel s'est invité dans le débat. Richard Bergeron et Mélanie Joly ont copieusement accusé leurs deux adversaires, Denis Coderre et Marcel Côté, d'«électoralisme» et de «manipulation» dans ce dossier. Les fins observateurs auront noté que ce n'était pas la première fois que M. Bergeron et Mme Joly faisaient front contre ce qu'ils qualifient de «vieux partis». Et ce n'est probablement pas la dernière, ont reconnu les deux candidats.