Sans Maka Kotto, devenu péquiste, et sans sa conjointe Caroline St-Hilaire, qui a voulu passer à autre chose, le Bloc a perdu deux figures de proue sur la Rive-Sud de Montréal. Le Bloc a-t-il raison de ne pas trop s'inquiéter de ces départs ?

« Aux élections provinciales, la dernière fois, une libérale a gagné dans Saint-Hubert, mais autrement, c'est dans la région que Marie Malavoy et Bernard Drainville, notamment, ont été élus », relève Josée Beaudin, qui tente de garder au Bloc québécois la circonscription de Saint-Lambert, libérée par Maka Kotto.

Le nouveau bloquiste Jean Dorion, qui succède à Caroline St-Hilaire dans Longueuil comme candidat du Bloc, sait qu'il a, en théorie, une circonscription qu'il ne peut pas perdre. « C'est un comté francophone, à forte tradition indépendantiste, qui compte au surplus un haut taux de personnes syndiquées, chez Pratt et Whitney, par exemple. René Lévesque et Pauline Marois ont déjà été députés dans les environs. »

Ce qui frappe pourtant quand on parle aux gens de la Rive-Sud, c'est à quel point ils sont

nombreux à voter ou pas pour le Bloc, mais sans que ça ait à voir avec sa saveur souverainiste. « Prenez Brossard, dit Denis Gagnon, un paysagiste de l'endroit. C'est très multiethnique et pourtant, aux dernières élections, le Bloc l'a emporté ici ! »

Rudy Pang, résidant de Brossard d'origine philippine, compte parmi ceux qui donnent leur appui au Bloc. « Je suis immigrant et les immigrants n'aiment pas trop le Bloc, mais moi je me dis : pourquoi pas ? Et puis tant pis si ça devait mener de près ou de loin à la séparation ! »

De la même façon, Yvonne Lamoureux, cosméticienne, dit que même si le Bloc et le Parti conservateur sont aux antipodes, c'est bien entre ces deux partis que son coeur a balancé aux dernières élections. Cette fois, ce sera Bloc. Par dépit, parce qu'elle n'est pas du genre à annuler son vote et parce qu'elle n'a pas digéré les coupes de Harper en culture. « De façon générale, Harper ne m'inspire pas confiance. »

Pour sa part - et c'est une grande première -, Claudine Chouinard, de Sainte-Catherine, ne songe pas d'emblée à appuyer le Bloc. Et encore là, ça n'a rien à voir avec son appui ou pas à la souveraineté. « Je suis tannée des élections et peut-être est-il temps de voter pour un parti plus fort qui pourrait former un gouvernement majoritaire. »

Dans Châteauguay, où la bloquiste Carole Freeman a gagné haut la main la dernière fois, le conservateur Pierre-Paul Routhier reconnaît qu'il a une grosse pente à remonter. Une pente de 17 000 voix. « Mais c'est faisable ! On peut espérer gagner à l'arraché ! » dit cet ex-propriétaire d'entreprise de camionnage qui s'est fait avocat à 40 ans passés.

Son espoir de victoire tient sur cet « agréable souffle » qui semble porter les conservateurs et par le fait qu'il dit entendre dans sa circonscription bon nombre de personnes qui remettent en cause la pertinence du Bloc.