Pour freiner le démantèlement des fermes, le Bloc demande 100 millions par année en fonds publics fédéraux pour l'agriculture québécoise.

Le gouvernement doit aider les agriculteurs pour qu'ils occupent le territoire et développent les régions, a plaidé Gilles Duceppe samedi matin en visitant une ferme du Lac-Saint-Jean.

« Les producteurs agricoles vieillissent et la relève se fait rare. Depuis 10 ans, le Québec perd environ six fermes par semaine », a déploré Gilles Duceppe.

Les 100 millions seraient utilisés pour cinq objectifs. D'abord, le Bloc voudrait que la déduction pour gain en capital soit haussée à un million. Cette déduction serait seulement offerte à ceux qui vendent la ferme à un autre agriculteur qui continuerait de l'opérer. Si la ferme était vendue puis démantelée, la déduction ne serait pas consentie.

Le Bloc souhaite aussi qu'un agriculteur puisse transférer sa ferme à n'importe quel membre de sa famille âgé de plus de 40 ans, plutôt que seulement à son conjoint ou ses enfants, comme c'est présentement le cas.

Autres mesures : les bloquistes voudraient aussi permettre aux agriculteurs d'épargner de l'argent sans payer d'impôt en créant un régime d'épargne transfert agricole. Et ils aimeraient que les jeunes puissent acheter une ferme avec leurs REER, à l'abri de l'impôt. Enfin, le Bloc demande qu'Ottawa donne aussi de l'argent aux agriculteurs, sous la forme d'une enveloppe récurrente.

Ces demandes découlent de rencontres tenues en 2005 avec le syndicat de la relève agricole de la Côte-du-Sud.

Virage jeunesse, propose Blackburn

« Gilles Duceppe devrait penser qu'on est dans un pays, le Canada, et qu'il faut donc regarder l'ensemble du pays pour les programmes », réplique le ministre d'État à L'agriculture, le conservateur Jean-Pierre Blackburn.

Il assure que son gouvernement avait commencé à développer un « réflexe jeunesse » en agriculture avait les élections.  «Dans le futur, tous les nouveaux programmes tiendront compte de leurs réalités et leurs besoins.»

Les conservateurs planchent sur un chantier national de la relève agricole. « On a consulté beaucoup de jeunes à ce sujet », assure M. Blackburn, candidat dans Jonquière-Alma. Ce chantier comportera quatre volets : l'image de l'agriculture, le transfert de ferme, l'accès au capital et la formation.

Il conclut : «  nos jeunes de la relève agricole  auront accès à l'enveloppe globale du ministère, ce qui dépasse largement les 100 millions du Bloc. »

Déjà subventionné

Les subventions à l'agriculture canadienne ont beaucoup augmenté dans les dernières années. En 2009, les agriculteurs du pays recevaient plus de 8 milliards en fonds publics, soit 52% de plus que l'année précédente. Il s'agissait de la plus forte croissance des pays de l'OCDE. Le cinquième des revenus bruts des agriculteurs était attribuable au soutien de l'État.

« Le Québec est la seule province canadienne à avoir mis en place des programmes pour la relève agricole », rappelle toutefois M. Duceppe.

Le provincial subventionne aussi l'agriculture par le biais de la Financière agricole. Par exemple, l'année dernière, 653 des 786 entreprises agricoles du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont reçu des subventions de la Financière. L'aide totale s'élevait à 10,5 millions.

La Financière agricole a encaissé d'importants déficits dans le passé. Sa dette dépassait un milliard en 2008.