L'opposition tient le gouvernement responsable de l'explosion de la facture des travaux pour rénover les écoles vétustes.

Comme La Presse le révélait mercredi, la facture a augmenté d'au moins 100% - et jusqu'à 49 385% - dans la moitié des 72 commissions scolaires. Un nouveau processus d'inspection mis en place par le ministère a fait la lumière sur d'importants besoins en rénovation qui n'étaient pas répertoriés auparavant ou qui étaient passées sous le radar. Un tiers des immeubles n'ont toujours pas été inspectés, ce qui permet de conclure que l'état des écoles serait pire encore.

Pour le gouvernement Couillard, les commissions scolaires ont négligé les inspections pendant des années, n'ont pas présenté un portrait juste de l'état de leurs immeubles et ont sous-estimé la valeurs des travaux.

L'opposition rétorque que le gouvernement a sous-financé la rénovation des écoles pendant des années. «Ça fait 15 ans qu'ils sont là, les écoles sont dans quel état? Bien, elles sont dans l'état dans lequel ils les ont mises. Pourquoi elles se sont détériorées? Parce que ce n'était pas important pour eux autres. Mais, quand la campagne électorale arrive, là, ça devient important!» a lancé le porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière d'éducation, Jean-François Roberge, lors de la période des questions au Salon bleu mercredi.

Selon lui, le gouvernement «sous-estime encore le délabrement des écoles». Il reprend les propos tenus par la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, qui chiffre à 1,3 milliard ses besoins en rénovations. Le ministère de l'Éducation les estime à 354 millions.

Le Parti québécois accuse quant à lui le gouvernement d'annoncer des sommes pour rénover les écoles qui ne sont pas réellement dépensées. Par exemple, en 2016-2017, des investissements d'un milliard étaient prévus alors que les dépenses réelles ont plutôt atteint 685,9 millions. Sa députée Carole Poirier relève également que le gouvernement avait réduit à environ 400 millions les investissements lors de son arrivée au pouvoir. Ce «sous-investissement» a précipité selon elle la détérioration des bâtiments. 

Les libéraux «sont passés maîtres dans l'art de faire des grosses annonces mais de livrer peu», a affirmé la porte-parole en matière d'éducation. Elle reproche au gouvernement d'avoir baissé les taxes scolaires de 600 millions de dollars alors que cette somme aurait pu servir à la rénovation des écoles.

Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a répliqué que l'état des écoles est pour lui «une préoccupation constante». «J'étais vendredi passé en Mauricie, et vous pouvez demander aux gens qui étaient avec moi, j'ai fait part de mon insatisfaction à l'égard de l'état des lieux», a-t-il dit.

«Je ne suis pas gêné de me lever ici, à l'Assemblée nationale, puis de dire aux Québécois qu'il y a beaucoup de travaux à faire. Je ne suis pas gêné d'être capable de dire qu'on va travailler, jusqu'en 2030, pour être capable de mettre fin à des écoles vétustes dans notre société.»

Lors d'une mêlée de presse, il a expliqué que «grâce au (nouvel) outil de planification et aux inspections qui ont cours maintenant, on a un meilleur portrait de ce qu'il y a à faire dans les commissions scolaires. Ce n'est pas parce qu'hier des écoles sont devenues vétustes, c'est que maintenant on les identifie correctement. C'est la raison pour laquelle vous voyez certaines commissions scolaires passer de très peu ou zéro (travaux à faire) à des millions aujourd'hui ».

Selon lui, «ça fait des années que collectivement on néglige nos infrastructures. Maintenant, on prend nos responsabilités, les sommes sont au rendez-vous».

Le «déficit de maintien d'actif» pour l'ensemble des commissions scolaires a presque doublé en un an. Il représente la valeur des travaux à faire pour rénover les écoles vétustes. Il est passé de 1,8 à 3,3 milliards de dollars si l'on combine les écoles primaire et secondaire de même que les autres bâtiments, comme l'indique un document déposé au même moment que le dernier budget Leitao.

Il y a un an, Québec soutenait que 62% des 2248 écoles primaires et 75% des 452 écoles secondaires étaient en bon état. Or le nouveau processus d'inspection a permis de constater que le parc immobilier est beaucoup plus mal en point: 55% des écoles primaires sont dans un mauvais (36%) ou très mauvais (19%) état. Au secondaire, 47% des établissements sont vétustes.