Les écoles alternatives du Québec, qui prônent notamment une plus grande implication des parents dans les écoles, mèneront une réflexion pour savoir si elles contribuent à « l'écrémage » de l'école publique.

Une journée de discussions est prévue vendredi. «Ça vient des accusations qu'on a reçues de part et d'autre, qui disent que nous siphonnons tous les parents les plus intéressants et les plus motivés», explique Pierre Chénier, porte-parole du Réseau public des écoles alternatives du Québec (REPAQ).

Les écoles alternatives sont publiques et font partie des écoles à projets particuliers selon la Loi sur l'instruction publique. Les élèves ne sont pas sélectionnés par des examens, précise Pierre Chénier, mais l'école alternative «sélectionne les familles, et elles doivent être participantes». Plusieurs de ces écoles, qui accueillent des élèves de la maternelle jusqu'à la fin du secondaire, demandent aux parents de s'engager à faire des heures de bénévolat.

«La question de la mixité sociale dans nos écoles fait problème, poursuit le porte-parole du REPAQ. Je veux qu'on aborde la question de front et qu'on admette que nos écoles sont blanches et peu axées sur les gens qui n'ont pas beaucoup d'instruction. Après, il faut qu'on se dise : on fait quoi?».

La démarche entreprise par le REPAQ réjouit le coordonnateur du mouvement l'École ensemble. Fondé il y a plus d'un an, ce mouvement réclame notamment la fin de la sélection des élèves dans les écoles publiques de la province.

«Le réseau a décidé de se poser des questions sur le résultat de ses écoles alternatives, de dire : peut-être qu'on fait partie du problème. Pour moi, c'est une démarche exemplaire, j'espère que ça va faire école», dit Stéphane Vigneault, du mouvement l'École ensemble.

Alec Larose a rédigé en 2016 un rapport sur les projets particuliers à l'école publique pour le compte de la Fédération des syndicats de l'enseignement. Les écoles alternatives, dit-il, entrent dans «le phénomène qui mène à la séparation des élèves».

Or, si on sait avec précision quels élèves fréquentent le réseau privé plutôt que le réseau public, la situation est moins documentée pour les projets particuliers dans les écoles publiques. «On nage dans les supputations, on essaie d'avoir des chiffres, mais tous les projets ne sont pas à déclaration obligatoire», explique Alec Larose.

Le ministère de l'Éducation recense 17 écoles alternatives dans la province, soit des écoles qui ont demandé une autorisation pour offrir des projets particuliers. Toutefois, plusieurs autres écoles proposent un «projet éducatif axé sur une pédagogie alternative», note le ministère de l'Éducation. Dans ces cas, les écoles n'ont pas à demander une autorisation à Québec, qui ne détient en conséquence aucune statistique à leur sujet. Le REPAQ compte pour sa part 41 établissements dans ses rangs.