Les écoles de la Commission scolaire Marie-Victorin (CSMV) doivent payer pour utiliser les terrains de la Ville de Longueuil, si bien que certaines classes les fréquentent en catimini pour éviter ces frais.

«On se fait demander 60 $ de l'heure pour l'utilisation des terrains, par exemple si on veut utiliser des terrains de tennis», explique un professeur d'éducation physique de la CSMV. Avec ses élèves, il fréquente un terrain de la Ville de Longueuil adjacent à l'école sans en faire mention. «On tient ça mort : on ne veut pas ébruiter ça et on ne veut pas avoir de problèmes avec la Ville», poursuit-il.

Jusqu'en 2013, la commission scolaire et la Ville de Longueuil avaient une entente qui permettait à la Ville d'emprunter les locaux des écoles, en échange de quoi la commission scolaire utilisait les terrains de la Ville gratuitement. Seuls les frais supplémentaires engendrés par l'une ou l'autre des parties, par exemple le salaire d'un employé qui devait ouvrir un gymnase, étaient alors facturés.

La donne a changé il y a trois ans, et l'entente est maintenant basée sur les «coûts réels», explique-t-on à la Ville de Longueuil. «C'est une demande de la commission scolaire. La façon dont ça fonctionnait avant nous convenait», dit le porte-parole Louis-Pascal Cyr.

Le syndicat de Champlain, qui représente les enseignants de cette commission scolaire, est bien au courant de la situation. Devoir payer alors que les «budgets rapetissent» est «problématique» dans les écoles, souligne-t-on.

«Les professeurs peuvent aller sur les terrains sans payer. Par contre, si le professeur a planifié une leçon de baseball et qu'il y a déjà des gens qui jouent, le terrain n'est pas [disponible]. L'équipement n'est pas fourni, les coussins ne seront pas là. Dans le cas d'une piste d'athlétisme, par exemple, ça peut être barré à clé», affirme Caroline Manseau, vice-présidente du syndicat de Champlain.

Pour certains professeurs, il semble évident que c'est parce que la commission scolaire a commencé à facturer l'utilisation de ses espaces que la Ville de Longueuil a fait de même pour ses terrains.

La CSMV affirme qu'il n'y a pas de «différend» avec la Ville de Longueuil «à l'égard de l'utilisation de leurs installations respectives». Par courriel, on nous indique qu'il y a une «collaboration étroite [...] afin d'optimiser et favoriser [...] l'utilisation maximale d'un réseau d'immeubles et d'équipements susceptibles de répondre aux besoins éducatifs des élèves et aux besoins de loisirs des résidants du territoire».

Des ententes uniques



Également sur la Rive-Sud de Montréal, la Commission scolaire des Patriotes a des écoles réparties dans 21 villes, parmi lesquelles figurent Chambly et Boucherville. Les frais que doivent payer les municipalités pour utiliser les locaux de la commission scolaire servent à couvrir les dépenses supplémentaires qui sont faites explique-t-on. «On ne fait pas une location pour tirer des profits», précise Lyne Arcand, porte-parole de la commission scolaire.

En 2013, la Fédération des commissions scolaires a mené une enquête auprès de ses membres pour connaître la nature des ententes que ceux-ci avaient avec les villes. «Ce qui est ressorti, c'est qu'il y avait plus de 1500 ententes qui existaient, et la majorité des municipalités du Québec étaient couvertes», indique la porte-parole Caroline Lemieux.

«Chaque commission scolaire négocie avec ses municipalités, il n'y a pas de contrat type et chaque entente est unique», dit-elle.

À Longueuil, l'entente telle qu'elle est maintenant rédigée avec la CSMV et s'applique à toute propriété de la Ville, précise le porte-parole Louis-Pascal Cyr. Un parc de jeux pour enfant, par exemple, est-il visé? «Oui, parce que s'il est brisé, on doit le réparer. C'est notre propriété», dit-il.