L'Université de Montréal « empêche les femmes de prétendre aux plus hautes fonctions » et la nomination du nouveau doyen de la faculté des arts et des sciences (FAS) s'inscrit dans cette veine, déplorent une centaine de professeurs de l'établissement.

Dans une lettre ouverte envoyée à La Presse, les signataires s'indignent de la décision du Conseil de l'Université mardi de nommer Frédéric Bouchard comme doyen de la faculté pour les cinq prochaines années. Celle qui assurait depuis deux ans l'intérim à la direction de la FAS, Tania Saba, avait pourtant récolté plus de 65 % des appuis des professeurs de la faculté dans le cadre d'une consultation, disent-ils.

« Nous sommes extrêmement en colère et stupéfaits. La carrière de Tania Saba est impressionnante, sa compétence est évidente, il n'y a aucune raison qui puisse justifier ce choix », dit Marie-Thérèse Chica, professeure titulaire à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal et signataire de la lettre.

Parce que cette nomination « augure un mandat conflictuel et chaotique alors qu'il aurait pu être enthousiasmant et consensuel », les professeurs demandent au recteur Guy Breton de revenir sur sa décision et de nommer plutôt la professeure en gestion des ressources humaines à titre de doyenne. Frédéric Bouchard, professeur titulaire au département de philosophie, doit entrer en fonction à la fin du mois.

« La nomination de Tania Saba au poste de doyenne de la FAS s'imposait non seulement parce qu'elle aurait constitué un premier pas vers une plus grande égalité entre les hommes et les femmes à l'Université de Montréal, notamment aux postes de direction, mais surtout parce que cette nomination respectait les principes démocratiques les plus élémentaires », lit-on dans la lettre.

PLAFOND DE VERRE

Le plafond de verre qui empêche les femmes d'accéder à des postes de direction existe bel et bien à l'Université de Montréal, écrivent les signataires, selon lesquels les femmes ne détiennent que 21 % des Chaires de recherches du Canada de l'établissement. Marie-Thérèse Chicha ajoute qu'elles ne sont que 22 % dans les postes de très haute direction.

« Il y a un portrait qui montre qu'on ne valorise pas les femmes en recherche, en enseignement et en administration, dit-elle. Ça reste un boys' club très classique, très traditionnel où les femmes sont peu représentées. »