Les vice-recteurs à l'Université de Montréal ayant tous droit à une indemnité égale à une année de salaire à la fin de leur mandat, Geneviève Tanguay, qui a été vice-rectrice à la recherche, à la création et à l'innovation de l'Université de Montréal pendant un peu moins de quatre ans, est repartie pour sa part en juin avec une indemnité de 252 997 $.

C'est ce que La Presse a appris après une demande d'accès à l'information.

« Mme Tanguay n'a pas démissionné, elle n'a pas été congédiée. Elle avait terminé son mandat et avec le recteur (Guy Breton), il a été entendu qu'il ne serait pas renouvelé », a indiqué Julie Cordeau-Gazaille, attachée de presse à l'Université de Montréal.

Mme Gazaille ajoute que dans le cas précis de Mme Tanguay, son contrat stipulait qu'elle aurait pu obtenir son indemnité dès lors qu'elle aurait effectué la moitié de son mandat, c'est-à-dire au bout de deux ans.

L'indemnité de départ peut être utilisée, peu importe ce que fait ensuite le vice-recteur, qu'il redevienne professeur, qu'il occupe un autre emploi, retourne aux études ou reste à la maison.

L'Université de Montréal fait observer qu'après six ans, les professeurs agrégés ou titulaires ont eux aussi droit à une année de ressourcement. Dans la politique sur cette question envoyée par l'Université de Montréal, il est spécifié que dans les trois mois suivant la fin de son année d'étude et de recherche, le professeur doit déposer « auprès de son directeur un rapport circonstancié de ses activités ».

Jean Portugais, président du syndicat des professeurs de l'Université de Montréal, trouve « scandaleuse » l'indemnité de départ de Mme Tanguay. Il ajoute que le syndicat s'était opposé à sa nomination. « Parmi les 1300 professeurs de haut vol de l'Université de Montréal, n'a-t-on pas pu en trouver un seul qui aurait pu voir aux destinées de la recherche ? Mme Tanguay avait bien un doctorat, mais elle avait fait carrière comme fonctionnaire, comme administratrice. Il était très prévisible que son mandat ne serait pas renouvelé. »

M. Portugais ajoute que six vice-rectorats, dans une université, c'est trop, à son avis. Il précise par ailleurs que les professeurs « n'ont plus droit à une indemnité de départ à leur retraite depuis au moins 10 ans » et que leur année de ressourcement, à leur septième année en poste, vise à leur permettre de rester à jour académiquement et scientifiquement. « Ce n'est pas une prime pour services rendus et pas une année de congé non plus », dit-il.

Titulaire d'un doctorat en parasitologie de l'Université McGill, Mme Tanguay a été fonctionnaire à Ottawa et à Québec.

Avant d'entrer en poste à l'Université de Montréal en novembre 2011, elle était sous-ministre adjointe au ministère du Développement économique, de l'Innnovation et de l'Exportation (MDEIE) du Québec.

Quand Hélène David, aujourd'hui ministre responsable de l'Éducation supérieure, a quitté l'Université de Montréal, Mme Tanguay a repris une partie des responsabilités qu'elle occupait.

Thierry Bélair, attaché de presse de Mme David, a indiqué hier que la ministre n'a personnellement touché aucune indemnité de départ de l'Université de Montréal quand elle a démissionné de son poste de vice-rectrice pour se lancer en politique.

Des primes un peu partout

Il n'y a pas qu'à l'Université de Montréal que des indemnités de départ son accordées à d'autres qu'au recteur.

En février, La Presse dévoilait que l'Université Concordia avait accordé une indemnité de départ de 235 000 $ à Sonia Trudel, une comptable de formation, qui était entrée en poste trois mois plus tôt comme directrice des finances de l'Université Concordia.

À l'Assemblée nationale cette semaine, Hélène David, ministre responsable de l'Enseignement supérieur, a indiqué que son cabinet avait déjà réclamé de toutes les universités le détail des rémunérations de leurs hauts dirigeants.

Geneviève Tanguay ne nous a pas rappelés.

- Avec la collaboration de William Leclerc

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Geneviève Tanguay a été vice-rectrice à la recherche, à la création et à l'innovation de l'Université de Montréal.