Des gestionnaires de l'éducation, d'anciens enseignants et des chercheurs de différents milieux déposeront un manifeste, ce week-end, dans lequel ils proposent de «responsabiliser» les écoles et commissions scolaires. Cette «imputabilité» passerait par une «reddition de comptes et l'obligation de résultat» dans un modèle se rapprochant du financement à la performance.

Dans la foulée, la vingtaine de signataires du document d'une cinquantaine de pages suggèrent de relancer le projet d'Institut national en éducation avec un rôle de «conseil» auprès des établissements scolaires et du gouvernement. Et le groupe va plus loin en suggérant de hausser l'âge de l'instruction obligatoire à 18 ans, en s'appuyant sur des études menées aux États-Unis et dans les Pays-Bas.

Les conclusions du Manifeste seront présentées lors de la troisième édition du Forum des idées pour le Québec, organisé au départ par le Parti libéral, qui se tiendra cette fois du 25 au 27 septembre, à Saint-Lambert. Les auteurs, qui appellent à du «changement», se penchent essentiellement sur l'éducation préscolaire, primaire, secondaire et sur la formation professionnelle. L'enseignement collégial est effleuré, mais uniquement au chapitre de la formation professionnelle et technique.

L'un des auteurs, Marc St-Pierre, ancien enseignant et dirigeant d'une commission scolaire, précise que la démarche des auteurs sous la direction de Jean-Pierre Aubin, haut gestionnaire de la Commission scolaire de Laval, est d'abord et avant tout apolitique. Il résume le manifeste au sujet du financement en expliquant qu'il faut que «le gouvernement s'occupe du pourquoi en laissant le comment aux commissions scolaires et écoles».

«Donc, on donne un montant global aux commissions scolaires avec la liberté d'agir, précise-t-il. En contrepartie, les établissements ont le devoir de faire la démonstration de leur efficacité auprès du public. Il faut de l'autonomie.»

Les auteurs du manifeste citent des exemples, entre autres l'aide aux devoirs. «On force les écoles actuellement à le mettre en place alors qu'il n'y a pas de consensus dans le milieu de la recherche sur son efficacité. Il faut une meilleure autonomie, réduire le mur à mur. Cet exemple aurait pu aussi s'appliquer aux fameux tableaux blancs dans les écoles», écrivent-ils.

Ghettoïsation par le haut

Il est largement question du système d'éducation public dans le manifeste, mais le groupe d'auteurs se penche aussi sur l'éducation dans les écoles privées. Selon eux, la province, au premier chef Montréal, fait face à une «ghettoïsation par le haut» en raison de la migration des jeunes de familles favorisées vers l'école privée. La solution, selon eux, serait de faire une grande place aux élèves en difficultés dans les établissements privés d'enseignement.

«À Montréal, près de 30 % des élèves du secondaire fréquentent une école privée. Il faut que le privé assume une responsabilité corporative. Il faut arrêter de concentrer les élèves en difficulté aux mêmes endroits. Il faudrait que le privé accepte dans ses rangs 30 % d'élèves en difficultés pour équilibrer les choses», estime M. St-Pierre.