Quelque 900 étudiants du Cégep du Vieux-Montréal ont participé à une assemblée générale sans voter sur la poursuite ou l'arrêt de la grève, aujourd'hui, dans un climat d'intimidation envers les journalistes et ceux qui acceptaient de leur adresser la parole.

La présidente de l'assemblée générale a déterminé que les procédures empêchaient les participants de se prononcer sur la poursuite du mouvement. La salle s'est ensuite vidée, mettant fin à la réunion environ cinq heures après son ouverture.

«C'est un vrai cirque ce qui s'est passé là-dedans», a déploré Lyne, une étudiante contre la grève qui dit avoir manqué une journée de travail pour participer à l'assemblée. «On n'a rien fait. La seule chose qui a été votée depuis ce matin, c'est l'exclusion des journalistes et du personnel. À part ça il ne s'est rien passé.»

Un étudiant pour la grève, qui a tenté d'empêcher La Presse d'interviewer Lyne, a ensuite affirmé qu'il était «entièrement d'accord» avec ce qui s'était passé dans l'assemblée générale. «C'est illégitime de la part des gens qui ont demandé cette assemblée parce qu'ils n'ont pas déposé d'avis de motion à l'avance», a-t-il ajouté. Il a refusé de s'identifier, même par son prénom.

L'assemblée générale avait été convoquée par le dépôt d'une pétition d'étudiants contre la grève.

Mardi dernier, dans une assemblée controversée, la majorité des étudiants présents s'étaient prononcés à deux reprises contre la grève avant de voter en faveur. Ces votes se sont étendus sur plusieurs heures et des participants avaient quitté les lieux au fil de la journée.

Dès le début de la réunion, l'assemblée d'aujourd'hui a été aux prises avec des soucis procéduraux. Certains participants se sont d'abord opposés à l'ouverture de la réunion (proposition battue) avant de proposer de la lever (aussi battue). 

La tenue de l'assemblée, «c'est vraiment insultant pour beaucoup des membres qui n'ont pas pu se présenter parce que c'était vraiment dernière minute», a fait valoir au micro Marie-Pierre, en sciences naturelles. «C'est un peu comme un manque de respect.»

Menaces et intimidation

Dès la fin de l'avant-midi, les journalistes affectés à la couverture de la situation ont été expulsés du cégep par l'administration de l'institution après avoir été intimidés par des militants d'extrême-gauche. Selon ces derniers, le huis clos voté par l'assemblée générale empêchait les journalistes de se trouver où que ce soit dans le bâtiment ou de poser des questions à tout étudiant, même sur le trottoir.

«On vous a demandé de quitter [le cégep] parce que l'assemblée a demandé le huis clos», a expliqué Loreto Garrido, porte-parole de l'école. «Les étudiants ont exprimé un malaise» et «on voulait le climat demeure serein», a-t-elle ajouté.

Même à l'extérieur du cégep, les journalistes ont été victimes d'intimidation et de menaces, un militant avisant même La Presse de quitter les lieux «si tu veux pas avoir mal». Lorsqu'un étudiant acceptait de parler aux journalistes, des militants arrivaient en trombe pour s'interposer et interrompre la conversation.