Les jeunes intéressés à devenir professeurs ont intérêt à mettre les bouchées doubles. Préoccupé par les lacunes des futurs enseignants, surtout en français, Québec veut imposer des conditions d'admission plus sévères au baccalauréat en enseignement, a appris La Presse. Il instaurera un examen obligatoire de français et exigera désormais de meilleurs résultats scolaires au collégial.

Selon une source sûre au ministère de l'Éducation, un «contingentement ministériel» est en préparation à Québec. C'est une politique d'écrémage: le gouvernement veut que l'on sélectionne uniquement les meilleurs parmi les candidats à une place au bac, en fonction de critères qu'il définira lui-même.

À l'heure actuelle, chaque université choisit les candidats selon leurs résultats au collégial, la fameuse cote R. Il n'y a pas de critères uniformes édictés par le Ministère. Les choses vont changer bientôt.

Québec envisage de fixer une cote R «minimale» pour accéder au bac en enseignement primaire ou secondaire. Il est acquis que cette cote serait supérieure à celle obtenue par les moins bons candidats admis dans les universités à l'heure actuelle. Québec veut clairement hausser le niveau. L'objectif est d'avoir des candidats «plus forts» à l'entrée au bac et, ultimement, «les meilleures personnes possibles pour enseigner aux enfants». Ce serait également une façon de valoriser cette profession.

Des lacunes en français

À l'heure actuelle, un étudiant au baccalauréat doit réussir un test de français pour obtenir un brevet d'enseignement, examen qui est réalisé le plus souvent à la fin des études. Or, à peine un peu plus de la moitié des futurs enseignants réussissent ce test au premier essai, bon an, mal an (voir tableau).

Québec veut corriger la situation. Il imposera un nouvel examen obligatoire dont la réussite sera nécessaire pour être admis au bac.

Il existe des tests de français dans les universités, mais le gouvernement entend créer une épreuve unique. Ce test sera «exigeant» pour éviter que les candidats soient trop faibles en français et, en bout de course, échouent en grand nombre à l'autre test (TECFEE). Ce dernier sera maintenu à la fin des études.

Ces nouvelles conditions d'admission pourraient faire en sorte que moins de jeunes soient acceptés au bac chaque année. Québec est en train d'évaluer cet impact. Mais selon lui, une telle conséquence ne serait pas préoccupante. Il n'y a pas de pénurie d'enseignants au Québec, fait-on valoir.

Le «contingentement ministériel» serait mis en application l'an prochain seulement. Le processus d'admission au bac pour l'automne prochain est déjà en cours dans les universités.

Au ministère de l'Éducation, on souligne que le nouveau ministre, François Blais, a fait de ce dossier une priorité dès son entrée en poste, il y a un peu plus de deux semaines. Des travaux avaient été amorcés par son prédécesseur Yves Bolduc. Embourbé dans les controverses, l'ex-député est retourné à la pratique médicale.

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Seulement un peu plus de la moitié des étudiants réussissent du premier coup le «test de certification en français écrit pour l'enseignement» (TECFEE). La réussite de cet examen est obligatoire pour obtenir un brevet d'enseignement, autant au primaire qu'au secondaire. Pour passer ce test, il faut obtenir une note de 70% dans chacune des deux épreuves: un questionnaire objectif et une épreuve de rédaction.

Des 3259 étudiants en enseignement qui ont fait le TECFEE en 2014:

•  56% l'ont réussi du premier coup, donc 1825;

•  44% ont échoué au premier essai, soit 1434. Parmi eux, moins de la moitié, 631, l'ont finalement réussi au deuxième essai. Donc, bon nombre d'étudiants - 803 - doivent faire plusieurs tentatives en vue de le réussir.

Note: le nombre d'étudiants qui se sont soumis au test en 2014 peut différer du nombre de finissants au baccalauréat, puisque le TECFÉE peut être réalisé à n'importe quel moment du baccalauréat.

La cote R

La cote R, c'est la «cote de rendement au collégial». Cette méthode d'évaluation des résultats scolaires sert aux universités en vue des admissions. On tient compte des résultats d'un élève par rapport à son groupe et on ajoute un indicateur de correction qui «permet de situer équitablement les résultats de l'élève, quelles que soient les caractéristiques du collègue fréquenté, le programme suivi ou le mode de regroupement des élèves», explique-t-on sur le site internet des Guides Choisir. La plupart des cotes de rendement concernant un dossier collégial se situent entre 15 et 35.

Cote R moyenne des étudiants admis en enseignement: 27

Source: Ministère de l'Éducation



Cote R du dernier candidat collégien admis à l'automne 2014, donc le moins fort:

• UQAM : 25,5

• Université de Montréal : 24

• Université de Sherbrooke : 22,1

• Université Laval : 21,5

Source : Sites web des universités citées

La cote R



Entre 32 et 35 : 85% à 90% (notes très supérieures à la moyenne)

Entre 29,5 et 31,9 : 80% à 85% (notes supérieures à la moyenne)

Entre 26 et 29,4 : 75% à 80% (notes au-dessus de la moyenne)

Entre 20 et 25,9 : 65% à 75% (notes dans la moyenne)

Source : Les Guides « Choisir » 2014