Québec impose des coupes supplémentaires aux cégeps et aux universités au beau milieu de leur exercice financier. Elles s'élèvent à 31,6 millions dans le cas des universités, a appris La Presse. Leurs compressions dépassent donc les 200 millions cette année, du jamais vu, selon le milieu universitaire.

La grande majorité des universités et des cégeps seront acculés au déficit, même si la loi leur interdit d'écrire leurs livres comptables à l'encre rouge.

La Presse a révélé le mois dernier qu'une deuxième vague de compressions frapperait les universités cette année. Le couperet est finalement tombé hier. Le ministre Yves Bolduc a délégué sa sous-ministre à l'Enseignement supérieur, Lise Verreault, pour annoncer aux recteurs que les subventions des universités seront réduites d'environ 1,5%, soit 31,6 millions. Cette compression sera récurrente, c'est-à-dire qu'elle s'appliquera aussi au cours des prochaines années.

Les cégeps aussi

Lise Verreault a également rencontré les représentants des cégeps hier. Leur budget sera lui aussi amputé pour la deuxième fois cette année. Ils dénonceront ces «nouvelles compressions récurrentes» en conférence de presse aujourd'hui, à Québec.

Pour les cégeps, ces coupes s'ajoutent à celles de 21 millions annoncées dans le budget Leitao de juin. Ils ont subi des compressions totalisant 90 millions au cours des quatre dernières années.

Dans le cas des universités, Québec avait déjà annoncé des coupes de 172 millions. De cette somme, 123 millions correspondent aux compressions que le gouvernement Marois avait imposées au cours des deux dernières années, et qui sont, elles aussi, récurrentes. Les libéraux manquaient de mots pour les condamner à l'époque.

Dans ses orientations budgétaires datées du 3 septembre, le ministère de l'Enseignement supérieur calculait que l'enveloppe des universités pour l'exercice 2014-2015 augmentait de 41 millions par rapport au précédent. Les nouvelles coupes font donc en sorte que l'enveloppe augmente d'à peine 9,4 millions. C'est largement insuffisant pour couvrir la hausse des coûts de système - comme la croissance de la rémunération - ou encore l'augmentation du nombre d'étudiants, selon les universités.

Déficits à prévoir

Il faut s'attendre à ce que la grande majorité d'entre elles enregistrent un déficit, comme l'an dernier. Ce sera la même chose pour les cégeps. Le président de leur fédération, Jean Beauchesne, a déjà indiqué que, d'après une première analyse des rapports du dernier exercice financier, 30 des 48 cégeps publics ont enregistré un déficit. Les services aux étudiants commencent à être touchés, selon lui.

En vertu de la loi qui interdit aux cégeps et aux universités de faire des déficits, les établissements dans le rouge devront soumettre au Ministère un plan de redressement pour revenir à l'équilibre budgétaire. Ils seront si nombreux à devoir le faire que, en coulisse, on prévoit un véritable cauchemar administratif.

Les nouvelles compressions dans les cégeps et les universités s'inscrivent dans un exercice que le Conseil du trésor a récemment imposé à différents ministères pour reprendre le contrôle des dépenses. Selon le plus récent rapport du ministère des Finances, les dépenses de programmes d'avril à juillet ont augmenté de 2,2% alors que la cible est de 1,8%. Québec compte retrouver l'équilibre budgétaire l'an prochain en freinant encore davantage ses dépenses: la croissance est fixée à seulement 0,7%. D'autres compressions douloureuses sont à prévoir.