Chaque semaine, une centaine de jeunes d'âge scolaire subissent une commotion cérébrale au Québec. Dans 80 % des cas, la commotion reste non déclarée et les élèves retournent à l'école rapidement. Une situation très dangereuse que l'on doit rapidement corriger, a indiqué le président du Groupe de travail sur les commotions cérébrales, Dave Ellemberg, dans une entrevue à La Presse.

Alors que des milliers d'enfants retournent sur les bancs d'école cette semaine, M. Ellemberg souhaite sensibiliser les parents et le milieu scolaire pour éviter que les enfants qui subissent une commotion cérébrale retournent trop rapidement derrière leur bureau.

«Plusieurs études ont démontré qu'on peut se remettre d'une commotion en cinq jours s'il y a repos complet. Mais chez les jeunes qui retournent à l'école, la guérison peut prendre trois mois», illustre M. Ellemberg, qui est aussi docteur en neuropsychologie et professeur au département de kinésiologie de l'Université de Montréal.

Le spécialiste explique qu'après une commotion cérébrale, le cerveau présente des microdéchirures, de même qu'un débalancement moléculaire. «Il faut permettre au cerveau de "faire le ménage", si je peux dire. Pour ça, il a besoin d'oxygène et de glucose. Mais quand on fait un effort mental, le cerveau consomme de l'oxygène et du glucose. On crée une plus grande pénurie, ce qui n'est pas bon», résume le chercheur.

Mieux encadrer le retour en classe

Selon lui, les parents et les écoles doivent être au courant de cette situation et se doter de «plans d'action» pour mieux encadrer le retour en classe des enfants ayant subi une commotion cérébrale.

«Au cours de la dernière année, il y a eu une plus grande couverture des commotions dans les médias. Mais c'était surtout le volet sportif qui était abordé. L'école passe à côté, déplore M. Ellemberg. Pourtant, le job des jeunes, c'est d'apprendre !»

M. Ellemberg mentionne que plusieurs études ont montré le lien entre commotion cérébrale et diminution de la mémoire et de l'attention. «Et à trois commotions et plus, il y a des déficits cognitifs permanents et marqués, dit-il. Des athlètes de 50 ans qui ont subi plusieurs commotions ont des cerveaux 20 ans plus vieux que leur âge. Il ne faut pas minimiser le phénomène.»

M. Ellemberg ne veut pas «faire peur» aux jeunes et les décourager de pratiquer des sports de contact. «Il faut juste mieux gérer les commotions. Mieux sensibiliser les parents, les entraîneurs et les milieux scolaires aux commotions et au risque d'un retour trop rapide à l'école.»

Au ministère de l'Éducation, on mentionne que «les mécanismes mis en place pour contrer les commotions cérébrales sont propres à chaque établissement scolaire». On ajoute toutefois que le Groupe de travail sur les commotions cérébrales de M. Ellemberg donnera des conclusions cet automne pour «aider le milieu scolaire et sportif dans la gestion des commotions cérébrales».

Comment gérer un retour en classe graduel

1. Repos total de l'école et repos physique complet de l'enfant ayant subi une commotion cérébrale. L'enfant ne doit même pas regarder la télévision. Quand il ne présente plus de symptômes au repos, il doit pouvoir réaliser un effort mental léger de 20 minutes sans symptômes avant de passer à l'étape suivante.

2. L'enfant peut entreprendre de petites activités : lire, marcher, regarder la télévision... Dès qu'un symptôme apparaît, retour au repos. Quand l'enfant peut faire un effort mental de 45 minutes sans symptômes, on envisage le retour à l'école.

3. Retour en classe avec ajustements. Un répondant par école doit être nommé pour accueillir les jeunes et adapter leurs tâches, que ce soit en permettant d'assister à un cours sur deux, d'alterner une journée de congé puis une journée d'école... «Il ne doit pas y avoir d'examen durant cette période», précise M. Ellemberg.

4. Quand l'élève ne présente plus de symptômes à l'effort mental, il peut retourner à l'école à temps plein, et le protocole de retour à l'effort physique peut commencer.