En raison des compressions budgétaires à la Commission scolaire de Montréal (CSDM), de plus en plus d'enseignants voient leur tâche s'alourdir. Résultat: ils ont moins de temps à consacrer à la récupération, à l'encadrement et aux activités étudiantes.

Caroline (prénom fictif) réfléchit sérieusement à son avenir. En septembre prochain, la direction de son école lui demande de donner le cours d'éthique et culture religieuse à 14 groupes, soit 2 de plus que cette année. En 14 ans de carrière, on ne lui a jamais présenté un horaire aussi chargé.

L'enseignante s'occupe depuis six ans du journal étudiant. Jusqu'ici, son horaire lui permettait de le faire: au secondaire, les enseignants ont en moyenne trois heures par semaine à consacrer aux «tâches éducatives», c'est-à-dire l'encadrement, la récupération, la surveillance et les activités étudiantes.

En septembre, Caroline aura à peine plus de 30 minutes par semaine pour les tâches éducatives. C'est tout ce qui lui restera pour la récupération et l'encadrement de ses... 450 élèves. Son salaire, lui, restera le même. «Enseigner est une passion pour moi, mais je dois aussi penser à ma qualité de vie», dit cette mère d'un garçon de 7 ans.

Respecter le budget... le plus possible

Pour la deuxième année, la CSDM demande aux directions des écoles secondaires de respecter «le plus possible» l'enveloppe budgétaire destinée au salaire des enseignants. Environ la moitié des écoles secondaires ont adopté des mesures pour y arriver l'an dernier, selon l'Alliance des professeurs de Montréal. Les autres emboîteront le pas en septembre.

«Les années passées, on avait plus de postes d'enseignants que le nombre financé par le ministère de l'Éducation, explique la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon. Vous comprendrez qu'on ne peut pas fonctionner de cette façon-là, surtout quand on est en déficit.» En 2011-2012, le surplus d'enseignants causait un déficit de 2 millions, selon Mme Harel-Bourdon.

Pour respecter les règles du financement du Ministère, les enseignants au secondaire devraient enseigner en moyenne 24,6 périodes de 75 minutes par tranche de 9 jours. Or, la vaste majorité des enseignants ont 24 périodes à l'horaire. Comme il est impossible d'ajouter 0,6 période à chaque enseignant, les directions n'ont d'autre choix que d'ajouter 2, voire 4 périodes à une partie d'entre eux. Le nombre d'enseignants touchés varie d'une école à l'autre.

«On ne peut reprocher à la CSDM de respecter la convention collective, convient la présidente de l'Alliance, Catherine Renaud, mais il faut comprendre que ç'a un impact important.»

Véronique Marcotte, enseignante d'éthique et culture religieuse dans une autre école, s'est retrouvée cette année avec 26 périodes d'enseignement, une première en 16 ans de carrière. En conséquence, on lui a enlevé une période de surveillance et une autre de remplacement. «Les élèves payent pour ce genre de décision-là, dit-elle. On épuise les enseignants réguliers. Et ça ne donne pas d'emplois aux enseignants précaires.»

24,6 millions

Les compressions à la CSDM ont permis de réduire le déficit à 24,6 millions en 2012, la moitié de ce qui était prévu. En 2012, une firme externe, PricewaterhouseCoopers, a établi un plan de redressement financier pour la CSDM. La firme a recommandé à la CSDM de revoir ses pratiques de gestion de revenus, les coûts liés aux activités scolaires et sa structure administrative. Selon la firme, la CSDM affiche aussi un sous-financement gouvernemental de 15 millions.