Le réseau de l'Université du Québec n'a plus sa raison d'être et ses composants devraient désormais cheminer de façon indépendante et avoir le même statut que toutes les autres universités du Québec.

C'est là l'une des recommandations du rapport de chantier intitulé L'Université québécoise: Préserver les fondements, engager des refondations, signé conjointement par Lise Bissonnette et John R. Porter.   

Ce rapport, fait de recommandations en vue d'une loi cadre, se veut la somme de ce que devraient être aujourd'hui les universités québécoises.

Elles devraient, entre autres choses, être transparentes, rendre adéquatement des comptes, se doter de codes de pratiques qui encadrent le mode de nomination du recteur, les conseils d'administration des universités, etc. Les universités francophones devraient aussi mettre fin à la multiplication de diplômes de second ordre qui ne mènent pas à des grades (baccalauréat, maîtrise, doctorat). L'université québécoise, et plus précisément l'université francophone, «semble avoir inventé le genre», peut-on lire dans le rapport.

Cet «autre diplôme» que décrochent les étudiants «aura-t-il quelque valeur utilisable sur le marché des «vrais diplômes que sont les diplômes de grade»? demandent les auteurs.

Quant au démantèlement proposé du réseau de l'Université du Québec, il n'est en rien un désaveu de cette institution, ont insisté les deux auteurs. Il s'agit plutôt de «faire disparaître le caractère hiérarchique du siège social (de l'UQ)», a dit Mme Bissonnette, selon laquelle ce carcan entraîne aujourd'hui des contraintes inutiles.  

Lise Bissonnette et John R. Porter ont aussi plaidé pour des rémunérations justes pour les dirigeants d'université. Pour eux, le fait que l'on n'ait aucun problème à consentir de hauts salaires aux dirigeants de sociétés d'État comme Hydro-Québec mais qu'on fasse du chichi quand vient le temps de rétribuer les administrateurs des universités est un grand «révélateur de nos valeurs collectives».

Les hauts salaires et primes de départ qui ont fait la une des journaux, notamment à l'Université McGill et à l'Université Concordia, font oublier «que certains profs de l'Université du Québec sont mieux payés que le recteur», a illustré Mme Bissonnette.

Même si le financement grandissant des universités par des entreprises privées qui commanditent maintes chaires et écoles a été largement dénoncé lors du Sommet sur l'enseignement supérieur, le rapport n'en souffle mot.

Pour Mme Bissonnette, «les chercheurs se parviennent à se débrouiller avec ces contraintes» et le problème de la prolifération des programmes courts «devrait nous interpeller davantage».

Des réactions mitigées

L'Université du Québec s'est montrée très zen dans un communiqué envoyé en après-midi, disant que le démantèlement proposé du réseau de l'Université du Québec appelle «des réserves».

Pour sa part, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) a franchement sourcillé à l'idée du démantèlement proposé du réseau de l'Université du Québec. Pour le reste, elle se montre ravie du rapport et des balises centrales que propose le rapport. 

Enfin, les associations étudiantes, elles, se montrent furieuses. Éliane Laberge, présidente de la Fédération étudiante collégiale, et Antoine Genest-Grégoire, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, ont envoyé un communiqué dénonçant «des propositions de laissez-faire inacceptables». 

Ces associations regrettent entre autres que le rapport n'aille pas dans le sens d'une loi claire et d'un encadrement strict des conseils d'administration, des processus de nomination et des responsabilités des directions universitaires. «Le rapport n'aborde pas ces problématiques, au contraire, il propose de laisser les administrations s'administrer elles-mêmes.»

Quant à la proposition de démanteler l'Université du Québec - «un fleuron québécois» -, les deux fédérations appellent Pierre Duchesne, ministre de l'Éducation supérieure, à la balayer d'un revers de main.