Colère et stupéfaction à l'école primaire Guy-Drummond d'Outremont: l'établissement a reçu il y a deux semaines une contravention pour bruit excessif en plein jour parce que les élèves dansaient au son d'une musique dans la cour durant une activité spéciale. Comme pour mettre de l'huile sur le feu, une élue de l'arrondissement serait à l'origine d'une des plaintes.

«C'est exagéré. C'était la fête à l'école. Les enfants dansaient et s'amusaient, rage une maman, Isabelle Gariépy. Il y a eu un excès de zèle.»

Il y a deux semaines, la sécurité publique a remis à la direction de l'école de quartier une contravention de 270$ à la suite de plusieurs plaintes de voisins agacés par le bruit engendré par une activité sportive organisée dans le cadre de la semaine des services de garde.

Plainte d'une élue

La conseillère Céline Forget est à l'origine d'une des plaintes. «Ce n'est pas le bruit des enfants qui dérangeait, c'est la musique, dit-elle. C'était trop fort et ça faisait plusieurs jours que ça durait.»

Elle raconte avoir appelé l'école pour demander que les amplificateurs soient éloignés des maisons. «Mais rien n'a été fait». La Sécurité publique aurait ensuite averti l'établissement avant d'émettre un constat. «C'était en dernier recours. C'est dommage qu'il y ait fallu aller jusque-là.»

La direction de l'école ne cache pas sa frustration. «Nous avons voulu faire bouger les enfants au rythme d'une musique d'ambiance à l'heure du dîner», explique la direction dans une lettre envoyée à tous les parents et dont nous avons obtenu copie.

«D'un point de vue pédagogique, ces temps de récréation favorisent, entre autres, la réussite scolaire, laquelle bénéficie à l'ensemble de la société. D'un point de vue social, les écoles sont des milieux de vie qui contribuent positivement à leur quartier, et ce, sur de multiples aspects», lit-on dans une autre communication.

À la sortie des classes, mercredi, l'histoire était sur toutes les lèvres. «Il a fallu que je lise la lettre deux fois tellement j'étais surprise», a confié une maman, Stéphanie Gougoux. Tout près, Katy Zamani et WafaLasfra discutaient de l'incident avec animation. Leur verdict: «ridicule».

La résistance s'organise

Le contentieux de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys a entamé des démarches afin de contester la contravention. De plus, le conseil d'établissement de l'école a préparé une lettre destinée à la mairesse et qui sera déposée lors d'un prochain conseil municipal.

La direction de l'école fait également circuler une pétition dans le but de faire modifier la réglementation contre le bruit afin d'y soustraire les activités conduites dans les cours d'école. En fin de journée hier, la pétition avait atteint plus de 600signatures.

Informée hier de l'incident, la mairesse de l'arrondissement, Marie Cinq-Mars, s'est dite «désolée de la tournure des événements».

«Je suis triste que des gens se plaignent que des enfants fassent du bruit. Et ce n'était que quelques minutes. Ça n'arrive pas toute l'année. Les élèves sont confinés à l'intérieur durant plusieurs mois à cause de la température», a-t-elle souligné.

Mme Cinq-Mars prévoit prendre toutes les mesures possibles pour qu'un tel épisode ne se reproduise jamais.