Promis par le gouvernement Marois, le réinvestissement de 8,5 pour cent dans les universités québécoises à compter de 2014-2015 n'est pas garanti.

Au contraire, il est conditionnel à une entente sur la reddition des comptes des universités au cours du Sommet sur l'Enseignement supérieur dans deux semaines à Montréal, a confirmé mercredi soir le ministre des Finances, Nicolas Marceau.

«Nous souhaitons (le réinvestissement), nous le voulons, mais on a dit qu'il y aurait des conditions de bonne gouvernance et de reddition de compte qui devraient être attachées à l'occasion du Sommet», a dit M. Marceau en marge de l'étude des crédits du ministère des Finances en commission parlementaire à Québec.

La prudence affichée par M. Marceau contraste avec celle de la première ministre Pauline Marois qui affirmait sans réserve, plus tôt dans la journée, que le budget voué à l'enseignement supérieur augmentera de 8,5 pour cent en 2014-2015 au terme de deux années de vaches maigres imposées aux universités.

«Ce sera, pour l'année 2014-2015, de l'ordre de 8,5 pour cent avec, sur une période de huit ans, une augmentation de 1,7 milliard», a-t-elle lancé pendant la période de questions en Chambre.

Le gouvernement est prêt à réinvestir pour autant que les universités se plient aux exigences requises, a nuancé le ministre Marceau, joint par La Presse Canadienne.

«Nous, on désire réinvestir en autant qu'on a l'assurance d'une bonne gouvernance (et) d'une saine reddition de compte comme c'est le cas dans tous les organismes publics et toutes les organisations qui font partie du gouvernement. Nous, on a l'obligation de s'assurer que chaque dollar des Québécois est dépensé de façon judicieuse et en conformité avec les objectifs du gouvernement», a-t-il dit.

Le Plan de financement des universités, inscrit en toutes lettres dans le document budgétaire de novembre 2012, est «très clair» sur l'intention du gouvernement d'imposer ses conditions à la suite des travaux du Sommet, a évoqué M. Marceau.

«Ça a toujours été clair dans ce que nous avons dit. Les montants sont disponibles, ils sont prévus au cadre budgétaire et j'ai un très haut niveau de confiance quant au fait qu'on va parvenir à une entente avec nos universités. On souhaite que ce réinvestissement se réalise. Maintenant, on va faire ça de manière à s'assurer que les dollars sont dépensés de façon judicieuse», a-t-il expliqué.

Pour l'opposition libérale cependant, le ministre des Finances vient soulever le doute sur la volonté du gouvernement de compenser la hausse annulée des droits de scolarité et de réinvestir au total 1,7 milliard $ dans les universités d'ici 2019.

«Quand l'engagement de la première ministre n'est pas confirmé par son ministre des Finances, c'est grave. Ils font quoi les recteurs? Ils l'ont tu l'argent?», a pesté le porte-parole libérale et ancien ministre des Finances, Raymond Bachand.

Il a aussi rappelé que le ministre de l'Enseignement supérieur Pierre Duchesne, tableau à l'appui, s'est engagé à réinvestir les sommes promises.

«Ce n'était pas avec toutes sortes de conditions, ce n'était pas à condition que les universités soient gentilles au Sommet», a fait valoir M. Bachand.