Il n'y a pas que les adolescents qui font perdre leurs moyens aux parents. Certains appellent pour placer leurs tout-petits ou des écoliers du primaire.

Lorsqu'elle retient leur signalement, la DPJ tente d'abord de leur offrir un autre type d'aide. L'intervenante Sylvie Piché vient par exemple de prendre en charge le cas d'un petit de 5 ans. «Il avait été expulsé de la garderie, il avait jeté la télé par terre et il croquait les lumières de Noël. Même son père ne voulait plus le prendre la fin de semaine. Sa mère était toujours en attente au CLSC et à l'hôpital. C'est sûr qu'on n'attendra pas qu'elle le frappe pour l'aider.»

Depuis 7 ans, la DPJ de Montréal a retenu chaque année de 35 à 101 signalements dénonçant des troubles de comportements chez des enfants de 0 à 11 ans.

Dix pour cent des familles aidées par le service d'intervention d'urgence CAFE l'an dernier étaient elles aussi dépassées par un enfant âgé de 5 à 11 ans.

Dans des cas extrêmes, même les petits sont carrément abandonnés. Et ce n'est pas toujours parce qu'ils se sont montrés difficiles à vivre. À Jeunesse j'écoute, l'intervenante Cheryl-Lynn Roberts a reçu l'appel d'une fillette de 12 ans qui avait été chassée après avoir raconté qu'elle était victime d'agressions de la part d'un membre de la famille. «Sa mère n'a pas voulu la croire», dit-elle.

Manon Harvey a même vu une petite fille de 11 ans débarquer au refuge d'En Marge 12-17. «Un employé de la Ville l'avait trouvée sur un banc, qui attendait avec son petit bagage. Dans de tels cas, on appelle directement la DPJ. On ne la garde pas et il n'est pas question de la renvoyer au parent.»