Passionné de soccer, le petit Guillaume Vallières s'est inscrit pour l'an prochain à l'école primaire Roméo-Forbes, à Saint-Hyacinthe, qui propose une concentration dans ce sport. Mais parce que le jeune garçon de 10 ans n'habite pas sur le territoire de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe, il risque de ne pouvoir y étudier. Car la commission scolaire des Patriotes, où il est inscrit actuellement, refuse de le laisser partir.

Depuis des semaines, les parents de Guillaume se battent pour obtenir une dérogation pour leur fils. Mais en vain.

 

«Il a été accepté à Roméo-Forbes. On a demandé une permission à notre commission scolaire pour pouvoir l'envoyer là-bas. Mais ils ne veulent pas», raconte Isabelle Picard, la maman de Guillaume. Elle a demandé au comité de révision de la commission solaire de revoir cette décision. «Mais on nous refuse ça aussi», dit-elle.

La directrice générale de la commission scolaire des Patriotes, Normande Lemieux, justifie sa décision en expliquant qu'elle a «l'obligation de s'assurer que le régime pédagogique est respecté» pour les enfants de son territoire.

Au primaire, le programme pédagogique oblige les écoles à donner 180 heures de cours et fixe un nombre d'heures pour chaque matière. «Il n'y a pas de place dans l'horaire pour faire des concentrations, soutient Mme Lemieux. Des programmes de sport-études reconnus par le ministère de l'Éducation, ça n'existe pas au primaire et on n'accepte pas d'envoyer nos enfants dans des programmes non reconnus.»

La porte-parole de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe, Geneviève Mathieu, assure que l'école Roméo-Forbes respecte les exigences du Ministère tout en mettant l'accent sur le soccer.

Mme Picard en est convaincue. «Les conseils d'établissement des écoles décident chaque année des heures à accorder aux spécialités comme la musique, les arts plastiques, l'anglais, l'éducation physique.... Donc, une école comme Roméo-Forbes peut décider de faire plus de sport.»

À la Fédération des commissions scolaires du Québec, on explique que les commissions scolaires ne sont pas obligées d'accepter les ententes extraterritoriales, sauf en ce qui concerne les enfants handicapés qui doivent fréquenter des classes particulières hors de leur territoire.

Question de flexibilité

Dans les faits, certaines commissions scolaires sont plus souples. À la Commission scolaire de Montréal (CSDM), on accepte par exemple qu'un parent qui travaille à l'extérieur de la ville inscrive son enfant dans une école non loin de son lieu de travail.

«Si un enfant veut suivre un programme que l'on n'offre pas ici, comme un programme international, on accepte de le laisser aller», ajoute le porte-parole de la CSDM, Alain Perron. La CSDM fait aussi «preuve de souplesse», explique-t-il, avec les enfants qui veulent aller dans une école hors territoire au projet pédagogique particulier.

La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) applique les même règles. «Et on se laisse une marge de manoeuvre pour le gros bon sens», dit la porte-parole Brigitte Gauvreau.

À la commission scolaire des Patriotes, les règles sont très strictes, déplore Mme Picard. Par exemple, un parent qui voudrait que son enfant étudie à Montréal parce que lui-même y travaille essuiera un refus, affirme Mme Lemieux. «À moins qu'il y ait une raison médicale», précise-t-elle.

La commission scolaire des Patriotes n'est pas submergée de demandes d'entente extraterritoriale. On en signe une dizaine par année, en moyenne, pour le secondaire et une poignée pour le primaire, sans compter les enfants handicapés. Mais «il fallait tracer une ligne quelque part pour cette question», explique la porte-parole de la commission scolaire, Lyne Arcand.

Mme Picard est fâchée de se heurter à ce refus. «Notre seule solution serait de déménager, mais ça fait six ans qu'on habite à McMasterville. Je suis couturière à la maison et mes clients ne me suivraient pas», déplore-t-elle.

Elle explique que son fils a de bons résultats scolaires, mais que «la meilleure façon de le motiver, c'est le sport». «Cette année, il a augmenté ses notes pour aller à Roméo-Forbes. Il a des moyennes de 85%!» dit Mme Picard.

La prochaine réunion du conseil des commissaires à la CS des Patriotes se tiendra le 22 juin. Mme Picard espère que sa cause y sera entendue.