Les écoles juives orthodoxes illégales ont jusqu'à la prochaine rentrée pour se conformer à la loi, a annoncé hier la ministre de l'Éducation. «J'ai fixé un délai qui serait de septembre prochain, pour que tous les enfants puissent être dans le système québécois d'instruction publique, a dit Michelle Courchesne à l'Assemblée nationale. C'est ce que nous suivons de très près.»

La Loi sur la protection de la jeunesse précise que «la sécurité ou le développement d'un enfant peut être considéré comme compromis s'il est d'âge scolaire et ne fréquente pas l'école», a rappelé en Chambre le député adéquiste Gérard Deltell. «Est-ce qu'il va falloir que la DPJ intervienne?» a-t-il demandé.

 

Une mise en demeure a été envoyée aux parents, spécifiant qu'ils devaient s'assurer que leurs enfants fréquentent l'école, a répondu la ministre. Les parents de huit écoles juives illégales en 2007 ont reçu cette lettre, a précisé à La Presse Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de Mme Courchesne.

Plusieurs d'entre elles se sont légalisées depuis. Mais trois écoles juives - Belz, Skver et la Yeshiva Toras Mosche - scolarisent toujours sans permis des garçons hassidiques, en leur donnant un enseignement essentiellement religieux.

«Est-ce qu'ils réussiront à le faire (se conformer à la loi)? Nul ne le sait», a admis la ministre. «Les discussions avec les communautés juives se font sur une base régulière», a-t-elle ajouté.

Deux écoles d'accord

Les écoles Belz et Skver - qui viennent de déposer une demande de permis pour légaliser le cours secondaire donné aux garçons - attendent actuellement la réponse de la ministre. «Dans l'esprit des communautés, ils n'envisagent pas que l'implantation du programme québécois se fasse plus tard que septembre prochain», a assuré hier Yann Bernard, avocat des écoles Belz et Skver.

Si le dépôt de la demande a tardé - l'entente signée par les deux écoles avec Québec prévoyait une légalisation en septembre dernier - c'est en raison de l'ampleur du travail à accomplir. «Il y avait une école, les élèves venaient tous les matins, mais il n'y avait pas d'horaire, pas de liste d'enseignants, tout ça», a fait valoir Me Bernard.

Fausse déclaration

Quant à la Yeshiva Toras Mosche, sa demande de permis a été refusée, «le dossier soumis étant inacceptable», selon un document du Ministère obtenu par La Presse. Me Bernard n'a pas voulu commenter sa situation, n'ayant pas parlé à ses représentants.

Dès novembre 2006, des employés du Ministère se sont rendus aux deux campus de la Yeshiva, rue Saint-Urbain et chemin Bates, à Montréal, a appris La Presse. Des rabbins leur ont déclaré enseigner à 270 garçons et détenir un permis, ce qui était faux.

Une seconde visite, à la fin de novembre 2006, leur a permis de constater que seul du matériel didactique en yiddish ou en hébreu était utilisé. «Le moins que l'on puisse dire est que le climat prévalant dans les classes n'était pas particulièrement calme et ne se prêtait pas vraiment à l'étude», ont-ils noté.

Les inspecteurs ont aussi constaté «que l'école opère un centre de la petite enfance», le CPE Bais Yoel, qui détient un permis du ministère de la Famille.

Dès le 10 novembre 2006, une lettre du Ministère a été envoyée à la Yeshiva pour lui préciser qu'elle devait adresser une demande de permis «dans les plus brefs délais», si elle voulait continuer d'offrir des services éducatifs. Deux ans et demi plus tard, elle n'en a toujours pas.