Dans l'intérêt de qui a-t-on officiellement fermé l'Institut Laflèche? s'interroge Eugène Bérubé, ex-adepte de la Mission de l'Esprit-Saint. «Dans l'intérêt des jeunes? demande-til. Pourquoi n'y a-t-il pas de suivi, dans ce cas ? Ce qui me préoccupe, c 'est l'avenir des jeunes. Ils ont été abandonnés à eux-mêmes. «

Rien n'a changé depuis la décision de la Cour supérieure, selon M. Bérubé. « Ils font l'école dans des petits groupes de 10-12, dans des sous-sols de maison, au lieu d'être 150 dans le même bâtiment, indique-t-il. Ils continuent de former leurs enfants à l'interne, pour ne pas qu'ils soient influencés par l'extérieur. Le problème n'a pas été réglé. « Né de parents membres de la Mission, M. Bérubé, 46 ans, a fréquenté l'école régulière, puisque l'Institut Laflèche n'existait pas encore. «C'est ce qui m'a permis de développer mon esprit critique, souligne-t-il. En vieillissant, j'ai pu faire l'analyse des choses et voir que ça n'avait pas d'allure. « Aujourd'hui, la Mission monopolise l'information donnée aux enfants, «qui sont conditionnés et n'en sortent plus», regrette M. Bérubé.

 

«C'est dramatique : on coupe l'enfant de la société en lui interdisant une éducation à l'extérieur, conventionnelle.» «C'est clair qu'il y a des problèmes avec ce mouvement-là, indique Mike Kropveld, directeur d'Info-Secte. Spécialement pour les personnes qui sont passées par leur système «d'éducation», il y a des lacunes énormes pour certains.» Président de la fondation Réalité Plus, M. Bérubé reçoit plusieurs ex-membres démolis. «Tous ceux qui ont vécu un endoctrinement en vase clos, en bas âge, ont des séquelles, affirme-t-il. On parle de tentatives de suicide, de prostitution, de toxicomanie, d'alcoolisme. Le système les récupère quand ils sont rendus trop bas, mais on ne fait absolument rien en prévention.» Chaque personne est affectée différemment, nuance M. Kropveld. «Mais c'est un système qui n'encourage pas vraiment l'éducation ou l'intégration au monde, parce que le monde est vu comme méchant et diabolique.»

Il faut agir pour le bien des enfants

Pour les parents de la Mission, « les écoles, les instituteurs, l'autorité, le gouvernement, ce sont des outils de Satan, créés pour corrompre l'esprit des gens «, poursuit M. Bérubé. Il faudra les forcer à envoyer leurs enfants en classe régulière, selon lui. «On commence à reconnaître l'importance de faire des choix au détriment des croyances des parents, notamment pour les transfusions sanguines. Si on pouvait réaliser les dommages psychologiques qui sont causés par des endoctrinements de ce genre-là, on s'apercevrait que c'est au moins aussi dramatique que les transfusions refusées. «