Certains des sinistrés les plus durement touchés par la tragédie de Lac-Mégantic ont appris mardi soir une dure nouvelle: ils pourraient devoir renoncer à tout jamais à vivre dans leur centre-ville. Leurs terrains pourraient être rachetés par la municipalité, qui leur en offrira un autre ailleurs.

Ce sont les travaux de décontamination des sols souillés par le pétrole qui seront extrêmement longs, ont expliqué aux résidants des intervenants - policiers municipaux, de la sécurité civile et de l'environnement -, mardi soir lors d'une réunion avec les occupants des quelque 200 domiciles rasés ou toujours évacués.

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«Les autorités environnementales ont indiqué que la contamination des sols progresse rapidement. Des canalisations ont explosé partout et le pétrole coule dans le sol, et même des maisons qui n'ont pas été endommagées par le feu pourraient devoir être détruites pour que le sol soit décontaminé", a déclaré au sortir de la réunion le préfet de la MRC du Granit, Maurice Bernier. Il dit que cette décontamination pourrait permettre une reconstruction de bâtiments dans le centre-ville dans deux ou trois ans, peut-être même cinq ans.

«Ce n'est pas aux propriétaires de maisons de payer pour la décontamination, ceux dont les maisons seront détruites se feront possiblement offrir par la municipalité que leur terrain soit racheté, et on leur en offrira un dans un autre secteur de la ville comme le Versant, où il y a des terrains magnifiques», poursuit le préfet.

Même si cela semble étrange, M. Bernier estime que le cas des évacués dont la maison n'est pas détruite est plus complexe. «Ils ont tous la même question: quand? Quand pourront-ils retourner chez eux? Mais personne ne peut le leur dire. Il faudra d'abord enlever tous les wagons qui ont déraillé, les découper. Ça va prendre au moins trois semaines, un mois», croit le préfet.

Afin d'éviter des problèmes de salubrité et de vermine, les autorités de la sécurité civile iront dans chaque maison évacuée pour vider les congélateurs et réfrigérateurs, inopérants depuis le drame en raison de la panne électrique qu'il a causé.

Les sinistrés qui ont quitté la réunion étaient mi-figue mi-raisin.

«Moi, ça m'arrangerait presque. Je voulais quitter le centre-ville. Mais en attendant, la relocalisation, c'est compliqué. Juste de tout rebrancher, le téléphone, le câble, pour quelques semaines, c'est pas faisable», raconte un évacué dont la maison n'a pas brûlé, mais qui pense que son terrain peut avoir été contaminé.

«Les gens ont pas mal tous la même préoccupation quant à la durée de leur évacuation. Je les ai trouvés égaux à eux-mêmes, ils sont forts», a raconté un homme qui accompagnait son frère sinistré.