La rivière Chaudière portera toujours les traces de la pollution causée par la catastrophe de Lac-Mégantic, mais ses écosystèmes ne seront pas irrémédiablement contaminés, a déclaré mardi le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet.

Le ministre a survolé en après-midi le cours d'eau en hélicoptère avec le maire de Québec, Régis Labeaume, qui l'accompagnait à titre de vice-président de l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

Au cours d'une conférence de presse à Québec, M. Blanchet a voulu se faire rassurant sur la contamination de la rivière par 100 000 litres de pétrole brut, selon les estimations, déversés dans sa source, le lac Mégantic, à la suite du déraillement du train de la Montreal Maine and Atlantic samedi. En effet, plusieurs municipalités riveraines, dont Lévis, Sainte-Marie et Saint-Georges, s'approvisionnent en eau potable à même la Chaudière.

Le ministre a déclaré que l'inquiétude grandissante de la population concernant l'eau potable le préoccupait et qu'il tenait donc à remettre les pendules à l'heure.

«Il y a des citoyens qui abusent un peu des médias sociaux et qui font des énoncés intempestifs», a-t-il lancé, tout en en ajoutant qu'il ne prenait pas la menace à la légère.

«Ce qui flotte sur la rivière ne présente aucun risque pour la santé publique dans la région de Québec», a-t-il assuré.

Selon lui, il y avait moins d'hydrocarbures à la surface de l'eau mardi que ce qu'il avait observé lundi. Mardi, il y avait à peine des traces, des filets visibles du haut des airs comparativement à la pellicule qui dépassait Saint-Georges, en Beauce, et qui pouvait s'étirer jusqu'à Beauceville, lundi, a-t-il expliqué. C'était la troisième fois que le ministre survolait la rivière en quatre jours.

«Ce qu'on a vu est très rassurant, a-t-il commenté. (...) On craignait des scénarios beaucoup plus graves que ça.»

Les estacades à plusieurs endroits, le pompage, l'évaporation et la biodégradation ont apparemment donné des résultats, de l'avis du ministre. Également, une douzaine de lieux d'échantillonnage sont positionnés pour renseigner le ministère et les municipalités sur l'état de l'eau, puisqu'une fraction du pétrole est soluble dans l'eau.

«Nos dispositifs fonctionnent, a soutenu M. Blanchet. Et si nos dispositifs fonctionnent, les chances que quoi que ce soit se rende au fleuve sont très faibles. Je ne dis pas qu'il n'y a rien. Et je ne dis pas que la situation avec laquelle nous ne sommes pas familiers ne changera pas.»

Actuellement, la pollution à la source, le lac Mégantic, est contenue par le barrage. Toutefois, M. Blanchet a indiqué que cette situation ne pourra pas durer longtemps: le niveau est élevé et il faudra dans les prochains jours, voire les prochaines heures, ouvrir les vannes, ce qui pourrait augmenter la pollution des eaux et des berges de la Chaudière. Les mesures de précaution prises par les autorités doivent donc être maintenues, a insisté le ministre.

Par ailleurs, si le pétrole n'est pas pompé assez rapidement, il pourrait se volatiliser ou rester en suspension dans l'eau. Lundi, on en était à 1,8 million de litres d'eau pompés, sans pour autant que les quantités d'hydrocarbure retirées soient assurément élevées. On tente donc de concentrer les nappes et on cherche des méthodes pour traiter l'eau rapidement sans l'acheminer dans des installations de traitement à distance, a précisé M. Blanchet.

Il n'en reste pas moins que le cours d'eau portera cette cicatrice encore longtemps. Il restera toujours de la pollution, a convenu le ministre. «On n'arrivera jamais au stade où cela ne s'est jamais produit. Il y aura toujours une trace de cet événement. Mais la rivière ne sera pas irrémédiablement contaminée, de façon importante, dans ses écosystèmes. Ce n'est pas une marée de pétrole lourd.»

Quant à la contamination des sols, elle est «très significative» sur les lieux de la catastrophe, a ajouté le ministre. Elle est impossible à mesurer pour l'instant, mais elle est stable. Des berges devront aussi être nettoyées le long de la rivière.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a pour sa part affirmé qu'il revenait «sécurisé» de son parcours en hélicoptère. La prise d'eau de Sainte-Foy, qui alimente 110 000 personnes dans sa ville à partir du fleuve, est hors de danger.