Le voyagiste Transat presse le gouvernement dominicain de sévir contre le tourisme sexuel, qu'il qualifie de «problème majeur». À l'instar d'Air Canada, l'entreprise québécoise entame une campagne de sensibilisation sur ce fléau.

Des «commentaires» auraient forcé le groupe Transat, qui englobe notamment le transporteur Air Transat et le voyagiste Vacances Transat, à se manifester auprès des autorités de l'île des Caraïbes. «On n'a pas reçu de plainte formelle, mais plutôt des commentaires de voyageurs à des hôteliers. On est beaucoup dans le domaine anecdotique», précise un porte-parole du voyagiste.

Ces commentaires ont tout de même incité l'entreprise à envoyer une lettre au ministère du Tourisme de la République dominicaine, en mars dernier, pour lui faire part de son inquiétude. «On nous a répondu que le gouvernement est sensible au problème parce que le tourisme est capital. On nous a dit qu'on installera des caméras de surveillance, en plus d'accroître le nombre d'interventions policières», explique Michel Lemay, vice-président aux relations publiques de Transat.

Le voyagiste a entamé l'automne dernier une vaste campagne auprès de ses employés. La première étape est de sensibiliser le personnel au fléau. «La formation sert à faire comprendre que le fait d'avoir des relations sexuelles avec des mineures, c'est criminel. Plusieurs personnes croient qu'il n'y a aucune conséquence si on se fait prendre», souligne M. Lemay.

Depuis le mois d'octobre, 250 employés de Transat et 150 représentants déployés cet hiver dans les destinations soleil ont reçu la formation. Dans six mois, Transat aimerait avoir formé tous ses employés de première ligne, dont ses 1400 agents de bord. «Si, comme voyagiste, on ne fait rien, on contribue sans le vouloir à entretenir un climat de permissivité vague. Alors mieux vaut construire un climat de sensibilisation», indique Michel Lemay, qui invite ses employés à dénoncer les touristes sexuels. «On leur explique qu'il existe un système international de dénonciation lié à Interpol.»

Les voyageurs se plaignent du tourisme sexuel non seulement en République dominicaine, mais également au Mexique et à Cuba, deux autres paradis sexuels bien connus. «En fait, il y a des problèmes partout, il faut simplement ne plus se mettre la tête dans le sable», résume Michel Lemay, qui pourrait difficilement trouver une meilleure image.

Air Canada

Air Canada aussi tente de sensibiliser les voyageurs au fléau du tourisme sexuel et présente des vidéos en ce sens dans ses avions.

En novembre dernier, Air Canada et plusieurs intervenants, dont le Bureau du droit des enfants et la Sûreté du Québec, ont donné à Montréal le coup d'envoi à la première campagne canadienne de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants. Elle vise surtout les gens qui partent pour l'Amérique latine et les Caraïbes, principales destinations du tourisme sexuel canadien. Bon nombre de Québécois et de Canadiens se rendent également en Thaïlande et en Asie, des destinations tristement réputées pour le tourisme sexuel.

En plus des vidéos présentées à bord des appareils d'Air Canada, des affiches sur ce thème ont été placardées un peu partout dans les aéroports canadiens. La campagne invite les touristes canadiens à signaler les cas d'exploitation sexuelle d'enfants dont ils sont témoins en voyage.

L'initiative des deux compagnies aériennes réjouit évidemment le Regroupement pour la responsabilité sociale des entreprises (RRSE), qui a notamment pour objectif de prévenir l'exploitation sexuelle des enfants. Le RRSE aimerait que Transat aussi diffuse des vidéos dans ses avions. «Ces vidéos touchent surtout les prédateurs dits situationnels, ceux qui se disent que ce qui se passe là-bas reste là-bas», explique Philippe Bélanger, du regroupement. «L'UNICEF estime qu'un touriste sur dix s'adonne au tourisme sexuel. Il nous paraît important de déconstruire le mythe selon lequel ça se passe toujours en Thaïlande», ajoute M. Bélanger.

Invitées à réagir à notre dossier, les autorités dominicaines ont pour leur part préféré attendre la fin de notre série avant de la commenter.

Pour signaler des cas d'exploitation sexuelle d'enfants sur l'internet: cyberaide.ca