Les centres de la petite enfance (CPE) de la capitale veulent des balises.

« On n'est pas encore confrontés à l'immigration comme ce qu'on voit à Montréal, mais ça n'empêche pas qu'on le vive peut-être dans cinq ans. La Charte nous donnerait un cadre de référence pour savoir comment réagir quand la vague va frapper », résume Karine Lapointe, présidente du conseil d'administration du CPE Mistigri de Québec et maman d'un garçon de 3 ans.

Contrairement aux CPE de la métropole, ceux de la capitale accueillent assez positivement la venue d'une charte des valeurs.

Éclairer «des zones grises»

Un sondage mené par leur regroupement régional montre en fait beaucoup d'ouverture. L'obligation de neutralité religieuse, l'interdiction du port de signes religieux, le fait d'avoir le visage à découvert et l'encadrement des demandes d'accommodements « sont cohérents avec les valeurs organisationnelles » des CPE, selon l'étude.

« Ça éclairerait des zones grises qui sont actuellement traitées au cas par cas, explique la directrice du CPE Mistigri, Johanne Marquis. Il y a un côté qui serait facilitant. »

Favorable à la Charte sur le plan personnel, elle aimerait surtout avoir des balises au sujet des accommodements raisonnables.

« Pour ce qui est du voile, on a déjà eu des stagiaires qui le portaient, ça n'a pas causé de problème. » Elle refuserait toutefois catégoriquement d'embaucher une femme au visage couvert. « La Charte nous donnerait la légitimité de ne pas le faire et nous protégerait contre d'éventuelles poursuites. »

Même son de cloche au CPE Les Fourmis ensablées, qui a adopté une politique de laïcité. « On ne parle pas de religion ici. À Noël, on a un sapin, mais on ne va pas voir la crèche à l'église en face. On a ajusté notre discours », dit la directrice Suzanne Montmagny. Pas de viande halal ou cachère non plus. « Les parents québécois n'aimeraient pas ça. »

Ce que dit le sondage

« On n'est pas encore confrontés à l'immigration comme ce qu'on voit à Montréal, mais ça n'empêche pas qu'on le vive peut-être dans cinq ans. La Charte nous donnerait un cadre de référence pour savoir comment réagir quand la vague va frapper », résume Karine Lapointe, présidente du conseil d'administration du CPE Mistigri de Québec et maman d'un garçon de 3 ans.

Contrairement aux CPE de la métropole, ceux de la capitale accueillent assez positivement la venue d'une charte des valeurs.

Éclairer «des zones grises»

Un sondage mené par leur regroupement régional montre en fait beaucoup d'ouverture. L'obligation de neutralité religieuse, l'interdiction du port de signes religieux, le fait d'avoir le visage à découvert et l'encadrement des demandes d'accommodements « sont cohérents avec les valeurs organisationnelles » des CPE, selon l'étude.

« Ça éclairerait des zones grises qui sont actuellement traitées au cas par cas, explique la directrice du CPE Mistigri, Johanne Marquis. Il y a un côté qui serait facilitant. »

Favorable à la Charte sur le plan personnel, elle aimerait surtout avoir des balises au sujet des accommodements raisonnables.

« Pour ce qui est du voile, on a déjà eu des stagiaires qui le portaient, ça n'a pas causé de problème. » Elle refuserait toutefois catégoriquement d'embaucher une femme au visage couvert. « La Charte nous donnerait la légitimité de ne pas le faire et nous protégerait contre d'éventuelles poursuites. »

Même son de cloche au CPE Les Fourmis ensablées, qui a adopté une politique de laïcité. « On ne parle pas de religion ici. À Noël, on a un sapin, mais on ne va pas voir la crèche à l'église en face. On a ajusté notre discours », dit la directrice Suzanne Montmagny. Pas de viande halal ou cachère non plus. « Les parents québécois n'aimeraient pas ça. »

Le casse-tête des accommodements

Sur les demandes d'accomodement des employés

Les conventions collectives et les politiques de gestion des ressources humaines devraient baliser les demandes de congé sous toutes leurs formes, même lorsqu'une demande d'accommodement pour des motifs religieux implique une absence du travail.

Sur les demandes d'accommodement des familles

Le gouvernement doit définir et baliser de façon claire la notion de ce qui est excessif dans le cadre des services de garde éducatifs à l'enfance.

Sur la Charte

Le projet de loi démontre une bonne cohérence avec les valeurs organisationnelles des CPE. En ce sens, les membres ne s'opposent pas à un tel projet de loi.

C'est l'heure du dîner au CPE Mistigri, à Québec. Plus de 140 bouches à nourrir, une quarantaine d'enfants allergiques ou intolérants à presque autant d'aliments et sept bambins dont la religion ne permet pas de tout manger. Un casse-tête pour la petite équipe de cuisinières.

« Chaque jour, je passe au moins 45 minutes juste à gérer les allergies et les religions », explique la responsable des repas, Marie-Ève Sénéchal.

Des demandes d'accommodement, le CPE en reçoit régulièrement. Mais ici, la ligne est claire et on ne la franchit pas.

« On accepte de ne pas donner de porc et de boeuf aux enfants dont les parents le demandent, mais ils doivent au moins manger du poulet », tranche la directrice, Johanne Marquis.

Même réponse pour les enfants végétariens, qu'ils le soient pour des motifs religieux ou non.

Photo Martin Chamberland, La Presse

Marie-Ève Sénéchal, responsable des repas.

Et la viande halal ou cachère ? « Pas question, répond Marie-Ève Senéchal. Ce serait trop compliqué. Il faudrait changer de fournisseur, ça coûterait sûrement plus cher et on aurait besoin d'un troisième frigo juste pour cette viande. En plus, ça prendrait plus de temps lors de la confection des repas, parce qu'on préparerait la viande halal en petite quantité. »

Au cours des dernières années, il est arrivé que des parents refusent d'inscrire leurs enfants à la garderie de Mme Marquis à cause de sa politique en matière d'accommodements alimentaires. Une famille exigeait des repas végétariens tous les jours, une autre refusait que son enfant consomme des produits laitiers et une troisième demandait aux éducatrices d'enlever systématiquement les morceaux de viande des assiettes. Pour les trois, il s'agissait de choix alimentaires et non religieux.

Et souvent, la ligne dure, ça marche. Abdelkerim Loulizi et Syrine Ayadi sont des musulmans pratiquants. À la maison, ils ne mangent que de la viande halal. Quand ils ont inscrit leurs deux enfants au CPE Mistigri, ils ont demandé qu'on ne leur serve que des plats végétariens. La directrice a refusé.

« On a réfléchi. On a pesé le pour et le contre, et on a accepté, dit Mme Ayadi. Pour nous, c'était un gros pas, mais on sait que c'est une bonne garderie. Encore aujourd'hui, on n'est pas convaincus à 100 % de notre décision, mais dans la vie, il faut faire des compromis. »

La preuve, dit son mari, que quand tout le monde y met du sien, on arrive à s'entendre.

Ce que pensent les parents

« Une éducatrice qui porte un voile ou une croix, ça ne me dérange pas tant qu'elle ne lit pas la Bible ou le Coran à ma fille. Le visage couvert, ça me dérange beaucoup plus. C'est par le visage qu'on communique. Mon enfant doit être capable de voir le sourire et de lire les expressions de son éducatrice. »

- Érica Boisvert, mère de deux enfants de deux ans et demi et 5 ans. 

« Tant que les accommodements ne bousculent pas le fonctionnement du CPE, ça ne me dérange pas. Si l'éducatrice doit arrêter de travailler pour prier, c'est un problème. Même chose si la bouffe coûte plus cher à cause des demandes d'accommodement. »

-Karine Lapointe, mère d'une fillette de 3 ans.

La Charte en trois questions

Dans chaque région visitée, La Presse a posé trois questions à un citoyen croisé au gré de ses reportages. À Sainte-Foy, nous avons rencontré Johanne Marquis, directrice de CPE.