Après plus de 12 ans en Afghanistan, les soldats canadiens quitteront définitivement ce pays en mars. Le ministre des Affaires étrangères John Baird juge que cette mission est un succès, car le pays n'est plus une terre d'asile pour les réseaux terroristes.

Q Quelle lecture faites-vous de la situation en Afghanistan? Est-ce que la présence canadienne a changé quelque chose?

R On doit se rappeler la raison pour laquelle on a envoyé les troupes canadiennes. On a l'obligation, quand un allié est attaqué, de travailler avec ses alliés pour le défendre. Il n'y a pas eu beaucoup d'attaques terroristes planifiées de l'Afghanistan qui ont été mises en oeuvre en Occident. En un sens, c'est une grande victoire. La deuxième grande victoire: beaucoup de filles vont à l'école. Les problèmes avaient commencé bien avant que les talibans soient au pouvoir, et plusieurs subsistent aujourd'hui.

Q Les soldats afghans que l'armée canadienne a formés sont-ils capables d'assurer la sécurité de l'Afghanistan?

R C'est un problème qui n'est pas propre à l'Afghanistan, c'est un problème répandu dans cette région du monde. C'est la même chose au Pakistan, en Irak, dans tous les pays voisins. Ce n'est pas une région facile. Mais il y a eu des progrès et on continuera de travailler là-dessus. On a été là avec une mission de combat pendant 10 ans, on était là pour la formation des troupes pendant trois ans, et on est là avec des fonds pour le développement. Arrive un moment où le gouvernement afghan doit prendre le relais.

Q Le Canada peut-il quitter l'Afghanistan la tête haute?

R On a apporté une bonne contribution. Il n'y a pas eu d'attaques terroristes planifiées de l'Afghanistan. Le nombre de filles scolarisées a augmenté.

Q Les Forces américaines se retirent complètement de l'Afghanistan d'ici la fin de l'année. Craignez-vous une période d'instabilité?

R Arrive un moment où les forces afghanes doivent prendre les choses en mains. On a beaucoup contribué. Mais au bout du compte, c'est à eux de prendre le leadership dans leur pays.

Q Comme chef de la diplomatie, considérez-vous qu'on peut tirer certaines leçons de la mission en Afghanistan?

R On ne va pas des talibans à Thomas Jefferson en quelques années. Le développement de la démocratie prend des années et ce n'est jamais facile.

LA MISSION EN CHIFFRES

Au total, 158 soldats ont perdu la vie durant cette mission. Deux travailleuses humanitaires, un diplomate et une journaliste ont aussi péri. La mission de combat a duré neuf ans, de 2002 à 2011. Au moment où la mission battait son plein, dans la province de Kandahar, 2500 soldats canadiens ont été déployés. Depuis juillet 2011, un contingent de 950 soldats est affecté à la formation des troupes afghanes à Kaboul. Cette mission se termine à la fin mars. Les coûts de cette mission sont évalués à plus de 11 milliards.