En dépit des mesures du gouvernement fédéral destinées à accélérer leur immigration au Canada, plusieurs interprètes afghans craignent pour leur vie, leur demande n'ayant toujours pas franchi la première étape du processus.

En septembre 2009, le ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme du Canada avait annoncé un programme d'aide pour les Afghans exposés à des «risques personnels extraordinaires» en raison de leur appui à la mission canadienne à Kandahar. Jason Kenney avait alors dit croire que quelques centaines de demandes seraient acceptées d'ici la fin du programme et de la mission, en 2011.

Mais à la fin du mois de mai, seulement 25 demandes sur 114 avaient été approuvées par un comité formé de représentants des ministères de la Défense nationale, des Affaires étrangères, et de l'Immigration et de la Citoyenneté, notamment. Ce comité travaille avec l'Organisation internationale pour les migrations, une agence intergouvernementale dont le siège se trouve à Kandahar.

De plus, plusieurs interprètes travaillant dans la région de Kandahar ont vu leur demande être rejetée, même s'ils avaient auparavant obtenu l'assentiment de leur supérieur.

Les demandeurs doivent compter au moins douze mois de service pour la mission canadienne en Afghanistan et présenter une lettre de recommandation écrite par un officier supérieur ou par un diplomate. Les informations fournies par le cabinet du ministre Kenney indiquent que les demandeurs doivent, entre autres choses, décrire le «risque extraordinaire et individuel» auquel ils sont exposés.

Un représentant d'Immigration Canada a indiqué que 230 demandes avaient été déposées dans le cadre de ce programme, sans toutefois préciser combien avaient été acceptées.

Un jeune homme qui a servi d'interprète pour les Forces canadiennes et l'Armée nationale afghane a affirmé que sa demande avait été rejetée parce que sa vie n'était pas, selon les autorités, suffisamment exposée au risque. Cet interprète a raconté qu'il craignait pour sa vie car certains de ces amis ont été tués et mutilés par des insurgés.

Un autre interprète, connu sous le nom de Mojo et travaillant pour des représentants de Service correctionnel Canada responsables de la prison de Sarposa, a affirmé que les interprètes afghans envisageaient le retrait des troupes canadiennes avec appréhension. Il a expliqué que les interprètes ignorent s'ils travailleront pour les troupes américaines et que la situation à Kandahar devenait de plus en plus dangereuse.